Après le coup d’Etat d’avril 2002 qui avait vu la dictature du patron des patrons s’installer pour 47 heures et le sabotage pétrolier des mois de décembre et janvier 2003 déjoué par les travailleurs et la population vénézuélienne, le Venezuela et la "révolution bolivarienne" sont confrontés depuis le mois de décembre à une nouvelle déstabilisation.
Après ses échecs successifs, l’opposition putschiste vénézuélienne s’était engagée à respecter la Constitution et tentait de mettre en oeuvre la procédure, unique au monde, de référendum révocatoire prévue par la Constitution bolivarienne. Elle devait présenter 2 450 000 signatures au Conseil national électoral (CNE), dont la composition avait fait l’objet d’une négociation ardue entre majorité et opposition, pour finalement être acceptée par tous.
Dès la collecte des signatures en décembre, les partisans du président Hugo Chávez avaient crié à la "mégafraude" de l’opposition. Chávez déclarait néanmoins que la décision du CNE serait acceptée quelle qu’elle fût. Au contraire, l’opposition intimait l’ordre au CNE de valider les signatures, faute de quoi elle mettrait le pays à feu et à sang. La réponse du CNE est tombée : sur les trois millions de signatures présentées, 1,8 millions ont été validées, 500 000 annulées (mineurs, morts, personnes non inscrites, etc.) tandis que 800 000 d’entre elles aux calligraphies similaires, doivent être confirmées.
Criant à la violation de ses droit, l’opposition a lancé quelques milliers de têtes brûlées dans les rues, encadrés par les polices des gouverneurs de l’opposition et soutenue par la presse privée, pour s’affronter à la garde nationale (GN) vénézuélienne. Alors qu’il est difficile de distinguer les victimes mortes sous le feu de la GN de celles tuées par les armes des opposants, la presse et l’opposition attribuent les attribuent évidemment à la "dictature Chávez", afin d’accréditer l’idée d’un Venezuela non démocratique et de faciliter l’ingérence de l’Organisation des Etats américains (OEA). Dès le lendemain, une "marée rouge" des défenseurs de la démocratie vénézuélienne et du gouvernement répondait aux provocations de l’opposition.
La lutte de classes continue donc au Venezuela. Voyant son pouvoir décliner, l’oligarchie tente par tous les moyens de se débarrasser d’un président peu enclin aux compromis avec le néolibéralisme et développant un projet à vocation continentale. L’opposition compte avec le soutien inconditionnel des Etats-Unis, qui financent massivement les organisations de l’opposition, soutiennent les tentatives de coup d’Etat comme celui du mois d’avril 2002 et tentent aujourd’hui de mettre le Venezuela au ban de la communauté internationale pour de supposées violations des droits de l’Homme. Cette offensive est relayée par la droite et les sociaux-démocrates européens, qui proposent cette semaine une motion de condamnation du gouvernement vénézuélien au Parlement européen.
Devant l’éventualité d’une nouvelle grève patronale, le dirigeant syndical Orlando Chirino a indiqué qu’en cas de fermeture des entreprises, l’Union nationale des travailleurs (UNT) défendrait l’occupation des usines et leur production sous contrôle ouvrier.
Rouge 2055 11/03/2004