« Il ne suffit pas de changer l’immeuble », Olivier Klein, premier adjoint au maire de Clichy-sous-Bois, communiste.
« À Clichy, nous sommes dans une phase d’apaisement, avec un retrait progressif des unités de CRS. Tout ce qui ressemblerait de près ou de loin à la mise en place d’un état d’urgence nous paraît absolument scandaleux. Dans l’urgence, la réponse relève à la fois de la répression, de la médiation, de la discussion. Il faut se souvenir de comment cela a commencé, ici, dans une ville qui n’a jamais connu ce type de violences. Et de la communication hâtive sur ces événements graves : la mort de deux enfants et l’agression contre la mosquée. Mais la réponse n’est pas que policière et ne relève absolument pas d’une police d’exception. Il faut une police de terrain, présente au quotidien, avec un comportement citoyen. Hélas, nous n’avons pas de commissariat. Et cela fait partie de la réponse à la question structurelle : comment faire pour que des jeunes ne se sentent pas exclus de la société ? Ce n’est pas le maire qui va leur donner du travail, ce n’est pas lui qui va créer des transports en commun pour être plus proches de l’emploi. Nous n’avons pas de métro, pas de train, pas de tram, il faut prendre des bus pour rejoindre une gare, et ils n’existent pas si on travaille avec des horaires décalés. En même temps que nous réfléchissons au plan Borloo, il faut travailler avec les associations, avec les populations. Ce plan ne peut réussir que s’il s’accompagne d’un accompagnement très fort des familles concernées. Il ne suffit pas de changer l’immeuble pour qu’elles trouvent du travail. Il faut aussi aider les associations dont les ressources sont de plus en plus restreintes, la mairie ne peut pallier les baisses systématiques des crédits des organismes d’État. »
« Une situation au potentiel explosif énorme » Céline Curt, avocate à Bobigny, Syndicat des avocats de France.
« Ces événements s’inscrivent dans un contexte délétère de longue date, dans la continuité d’une politique qui écrase, qui met l’accent sur le pénal. Aujourd’hui, tout le monde se pose enfin la question, après la mort de deux mineurs, de l’analyse des rapports entre les jeunes et la police. En revanche, j’ai peur qu’on ne soit pas au terme du problème, mais bien à ses débuts. Il existe un potentiel
explosif énorme qui s’alimente de la précarité des gens. Mais aussi de la stigmatisation de jeunes allant par "hordes" et que l’on dit "voyous" avant même qu’ils aient fait quoi que ce soit. On leur renvoie une vision vexatoire, discriminante, méprisante d’eux-mêmes. À cela s’ajoute, en Seine-Saint-Denis, la jeunesse des policiers. Un jeune fonctionnaire de province s’imagine que les populations de banlieues veulent absolument en découdre. Ce qui est faux la plupart du temps. Ces populations sont donc heurtées d’être ainsi maltraitées. Au final, la police a les idées de son jeune âge et de son inculture. De même pour les jeunes. Cela est dû, en partie, au fait que l’on ne considère pas indispensable la formation des policiers qui ont à agir dans un tissu urbain très dense. Au final, on laisse les portes ouvertes à tous les totalitarismes, aux grands frères islamistes ou à ceux qui ont des visions électoralistes. Pourtant, aujourd’hui, les familles sont demandeuses d’État. »
« Instaurer le respect des populations », Gilbert Roger, maire socialiste de Bondy.
« De façon immédiate, j’ai demandé que le maximum d’objets publics soient rentrés. J’ai fait passer le message pour que les enfants, ce soir, fassent la fête chez eux. Tout le monde est dans un sentiment de peur physique. Ensuite, il s’agit de continuer ce que nous faisons, c’est-à-dire poursuivre le dialogue avec les jeunes et les moins jeunes. À long terme, il faut instaurer un respect envers les populations des quartiers populaires. Il faut un geste fort pour cela, par exemple, ce vendredi, nous réunissons tous les maires de Seine-Saint-Denis à la préfecture, avec nos écharpes, pour une déclaration commune. Mais il est indispensable que l’État et le gouvernement reconnaissent qu’on ne peut pas caricaturer, mépriser les populations, comme cela a été fait dans des propos qui sont des bombes incendiaires. Et il faut tirer un certain nombre de bilans. Les subventions aux associations disparaissent. Les familles et les enfants hébergés, à cause de la crise sociale et de celle du logement, existent. Il ne suffit pas de les nier. Il faudrait les prendre en compte pour les dotations aux collectivités et aux écoles, avec beaucoup d’animateurs, de crèches, de moniteurs de centres de loisirs. Tout cela manque. Et il faut s’attaquer au problème de l’insécurité sociale, à l’indignité du pouvoir d’achat (on dit qu’on allège les factures, mais en même temps on augmente le gaz de 12 %). Il faut des services publics forts, avec une police de terrain 365 jours par an, et pas de "coups de bambou" une fois de temps en temps. »
« Tout un travail pour recréer la confiance », Daniel Feurtet, maire du Blanc-Mesnil.
« On a senti les prémisses de cet embrasement. Il est révélateur de questions plus profondes. Il y a d’abord un fond de souffrances sociales énormes. Il y a le refus du gouvernement d’entendre la rue, les urnes. Et se sont ajoutés le mépris et des propos inacceptables. Tout cela fait un faisceau de raisons qu’il est parfois difficile de démêler parce que se faufilent aussi des dealers, des chefs de bande. C’est une situation très grave. L’urgence est d’appeler au calme, à la dignité, de ne pas répondre aux provocations, même venant d’un ministre.
Il faut retrouver la sérénité, le sens du dialogue. Les habitants s’organisent, et nous les y encourageons, pour dire : arrêtons, nous ne voulons pas être doublement victimes. Mais l’urgence aussi c’est que les politiques publiques nationales soient revues dans tous les domaines. Dans ma ville, il y a 3 600 demandeurs d’emplois, 1 500 demandeurs de logement, 33 000 érémistes... Les maires font un travail de fourmis et d’urgentistes tous les jours, mais il n’y a pas de réponses locales durables, nous sommes face à de grands enjeux de société. Dans l’immédiat, il faut plus de présence humaine dans les collèges, plus de moyens au mouvement associatif, sportif. Il faut des mesures immédiates aussi en matière de police. Au commissariat du Blanc-Mesnil, il manque une trentaine de policiers et on a abandonné la culture d’une police de proximité. Le résultat, c’est qu’aujourd’hui la police n’est pas aimée, et réciproquement. Elle est loin d’être considérée comme un service public par une grande partie de la population, notamment de la jeunesse, c’est un vrai gâchis. On est devant un travail patient à refaire pour recréer de la confiance. »
« On isole les indésirables au lieu d’éduquer », Michel Faujour, secrétaire départemental (93) du Syndicat national des professionnels de l’éducation surveillée de la protection judiciaire de la jeunesse (SNPES-PJJ/FSU).
« Au niveau de la protection judiciaire de la jeunesse, les directives ministérielles font état, pour l’année prochaine, de l’objectif d’une baisse de 20 % des mesures de protection des jeunes majeurs. Le ministère de la Justice explique que les conseils généraux pallieront ce retrait. Les directives sont très claires : l’ensemble des mesures éducatives passent après les mesures pénales d’application rapide et limitées dans le temps. Résultat, aujourd’hui, on laisse de jeunes majeurs sans suivi éducatif, ni aide au logement. Dans le même temps, les associations habilitées à intervenir dans ce domaine sont sous pression. En 2004, leur financement courrait jusqu’à fin octobre. En 2005, il s’est arrêté fin septembre. Que va devenir ce secteur associatif ? En province, certaines associations ont déjà fermé, faute de moyens. Plutôt qu’éduquer, accompagner, aujourd’hui, on isole les jeunes indésirables. Ces mesures sont stupides et privent d’interventions éducatives. »
« À casser tout lien social, on court des risques » Par Guy Tresallet, secrétaire départemental de la FSU, professeur au lycée professionnel de Rosny-sous-Bois.
« Ce qui se passe n’est malheureusement pas une surprise. Cela fait des années qu’on explique qu’à force de casser tout lien social dans ce département on court des risques énormes. Les services publics sont de moins en moins présents. L’école elle-même est laissée à l’abandon avec de plus en plus de personnel précaire. En 1998, on a obtenu 3 000 postes, on a eu l’impression que tout le monde avait compris le rôle que pouvait jouer l’école or depuis tout ce qui avait été gagné est remis en cause faute de budget. Par exemple, la scolarisation des enfants de deux ans en maternelle est très importante pour la sociabilité, or cette année pratiquement aucun n’a pu être scolarisé. Le rôle d’ascenseur social de l’école est mis de côté. En 1998, les jeunes défilaient en disant : "On n’est pas des moins que rien", cette fois c’est : "morts pour rien". Ils ont le sentiment qu’ils sont à part, laissés à l’abandon, victimes d’injustice perpétuelle. Il faut arrêter de stigmatiser cette population et le gouvernement doit se rendre compte que sa politique sécuritaire ne marche pas. Il faut redonner un sens à la police républicaine. Respecter les jeunes, cela ne veut pas dire tout laisser passer : brûler des voitures, des classes, c’est inadmissible. Mais quand mes élèves, des filles qui ont vingt ans, disent qu’en voyant des policiers elles partent en courant, c’est un problème. Il faut que les acteurs sociaux, institutionnels, les partis politiques se mettent autour d’une table pour avancer des propositions et recréer du lien social dans les quartiers. »
« Il faut restaurer la médiation sociale » Alain Vogelweith, juge pour enfants au tribunal de Bobigny, membre du Syndicat de la magistrature (SM).
« Nous sommes inquiets. D’abord, parce que nous ne souhaitons pas que l’intervention de la justice se limite à prononcer des peines à l’encontre des jeunes. D’autant que nous constatons que ceux qui se révoltent et qui commettent des actes graves sont souvent inconnus des services de la police. Pour l’heure, nous sommes face à des jeunes en difficultés multiples, qui n’ont comme interlocuteur que la police. Notre inquiétude tient aussi au fait que nous sommes en difficulté pour apporter des réponses et instaurer un dialogue entre les institutions et les familles. Cela est dû en large partie au retrait de l’État en matière de politique de la ville. Un retrait, aussi, qui compromet sérieusement le maillage social assuré par les associations ou les éducateurs. Tout simplement, nous avons le sentiment qu’il n’y a plus de politique de prévention de la délinquance. Or cette prévention passe par une intervention précoce auprès des familles. Aujourd’hui, où sont les grandes lignes d’une telle politique ? Cette lecture sociale et éducative n’existe plus. Le discours actuel consiste à dire qu’il suffirait d’extraire les « caïds » des quartiers difficiles. C’est une négation totale de la réalité du terrain. On nous propose un quadrillage des quartiers et des familles dites à problèmes, au lieu de créer un lien qui prendrait en compte leur méfiance des institutions. Il faut restaurer la médiation et recibler l’action sur le travail social. Nous lançons un appel à la constitution de lieux d’expression qui puissent faire émerger une autre parole que celle que nous entendons. Pour l’heure, l’État refuse de s’engager sur cette action de médiation. Or le rôle de l’État doit être central, moteur. On ne ramènera pas la paix avec des compagnies de CRS. »
« Les enfants ont vraiment besoin qu’on soit là », Sophie Juste, professeur des écoles, en classe d’adaptation à La Courneuve.
« Je suis dans la désolation complète. Je pense que Nicolas Sarkozy a une grosse responsabilité dans l’expansion des violences, car chaque fois qu’il intervient dans les banlieues, c’est pour insulter, invectiver les gens, cracher son mépris. Je n’ai pas été étonnée qu’il se soit fait caillasser lors de son déplacement à Argenteuil. Que va-t-il faire la nuit à Argenteuil avec des dizaines de caméras ? Que recherche-t-il ? La réponse vient des jeunes, qui réagissent à leur façon. Je condamne l’escalade, bien sûr. À la Courneuve, la nuit dernière, il y a eu des incendies et des tirs à balles réelles à la cité Balzac où le petit Sidi-Hamed a été tué au mois de juin. Tous les trafiquants et les malfrats du coin ont dû saisir l’occasion pour montrer qu’ils étaient encore là, et faire régner la terreur. Mais dans mon travail, je tiens, parce que les enfants ont vraiment besoin qu’on soit là. On a envie qu’ils réussissent, aient les mêmes chances que tous pour construire leur vie. Nous aimerions travailler plus en équipe pour être au plus près des besoins, notamment sur les questions de prévention. Nous travaillons tous dans notre coin. Il faudrait que les institutions fédèrent leurs moyens, se fixent de vrais objectifs sur 4 ou 5 ans. En Seine-Saint-Denis, à la rentrée, il manquait 160 instituteurs ! Près d’une centaine de jeunes, qui ont échoué au concours, sont dans les classes pour combler les postes vacants. »
« De nombreux jeunes souffrent de l’amalgame » Hélène Reys, conseillère en insertion à la mission locale d’Épinay-sur-Seine et présidente de l’association Réussir en Seine-Saint-Denis.
« Alors que deux jeunes mouraient électrocutés à Clichy-sous-Bois, nous avons vécu le tabassage mortel de cet urbaniste devant sa femme et sa fille parce qu’il photographiait des lampadaires. Tout cela entretient un climat de peur qui fait beaucoup souffrir les jeunes que nous recevons à la mission locale. Ils souffrent de l’amalgame. Mais cette situation n’est pas nouvelle, elle ne fait qu’empirer. J’habite à Stains dans une cité où il y a 33 % de chômage. La poste, l’éducation nationale, la police sont des services publics qui ne sont plus assurés comme ils devraient l’être. Sur les communes de Stains, où je vis, et Pierrefitte, on compte une voiture de police qui circule la nuit et un seul commissariat ouvert pour 60 000 habitants. Les émeutes de Clichy sont d’abord nées d’une réaction émotive des jeunes. Deux de leurs potes ont trouvé la mort sans qu’on sache vraiment pourquoi. Après, le ministre de l’Intérieur n’a fait qu’envenimer les choses. Mais je ne veux pas tomber dans la victimisation. Ils n’ont pas raisons de brûler les bagnoles de leurs voisins. Mais j’essaie de comprendre. Ces jeunes ne sont jamais écoutés et vivent dans l’injonction depuis leur plus jeune âge. Et un jour, ça craque. Or, dans l’association, nous proposons une autre forme de combat, une autre forme de langage. Nous nous attachons à faire comprendre ce que peut signifier être citoyen. »
« Nous avons besoin de démocratie », Bernard Birsinger, maire communiste de Bobigny.
« Cette crise aiguë est le résultat de nombreux problèmes connus depuis longtemps et qui ont créé une bulle inégalitaire qui met en évidence une crise de société. Bien sûr, il faut un travail de justice et de police réel. Mais il ne saurait y avoir de réponse pénale et sécuritaire valable sur le long terme. Depuis trois ans, l’attitude de fier à bras du ministre de l’Intérieur montre ses limites. Il faut une réponse sociale. Plus cela va mal, plus il faut s’attaquer aux inégalités. Il faut plus de culture, d’éducation, de solidarité. Nous avons besoin, plus que jamais, de démocratie. Il faut passer beaucoup de temps avec les gens, pour réfléchir à ce qui se passe, parler de la culture de paix, du droit des enfants... Il faut parler d’espoir, de possibilités de faire autrement. Ce n’est pas très concret. Mais il faut revenir à des questions existentielles : la politique, c’est l’art de vivre ensemble. Ceux qui défendent la rentabilité financière ont intérêt à présenter un grand méchant loup qui évite de regarder la réalité, la banlieue peut faire l’affaire. "Salauds de pauvres !" disait un film. Il faut de la considération. Il faut des lieux d’intervention populaire pour faire pièce à ceux qui jouent les Superman et la peur. La grande mesure à prendre d’urgence, c’est le droit de vote des étrangers. Ici, il me faut 250 millions d’euros pour la rénovation urbaine. Aux États généraux du logement, nous allons parler de tout cela : comment construire 600 000 vrais logements sociaux ? Comment parler à des gens interdits de séjour parce qu’ils sont ouvriers, noirs, jeunes, pauvres ? »
« Le gouvernement ignore la situation réelle », Stéphane Gatignon, maire de Sevran.
« Les événements actuels étaient prévisibles. Le 14 juillet nous avions eu une alerte. Il y a aujourd’hui une corrélation de plusieurs facteurs avec, au niveau du gouvernement, une méconnaissance de la situation réelle. Nous sommes dans des zones d’exclusion de ségrégation. Les jeunes qui y vivent ont le sentiment qu’ils n’ont pas d’avenir. Et nous assistons depuis des années à une radicalisation évidente de cette jeunesse. Elle prend maintenant des formes extrêmement violentes avec toutes sortes de manipulations derrière. Depuis vingt ans, on parle d’intégration, on demande à des gens de s’assimiler à la société, à la culture française, mais derrière il n’y a pas de partage, de travail de création d’une culture commune. C’est ainsi que petit à petit on a créé du communautarisme, de la ghettoïsation. Si dans nos quartiers, en France, chacun pouvait fondre son projet individuel dans un projet collectif, cela créerait de l’espoir et on n’en serait pas là aujourd’hui. Sevran est une des villes les plus jeunes et les plus pauvres de France. Il n’y a jamais eu autant d’inégalité entre les collectivités territoriales. Si les collectivités les plus pauvres ne peuvent avoir les moyens de faire face, tout le monde sera dans l’impasse. Des pistes de travail, des réponses politiques doivent être proposées. À gauche il faut dire quel projet on construit, ce qu’est la République aujourd’hui et quelle culture commune on crée en France dans les années à venir. Cette nuit des adultes, des parents sont descendus dans les rues à Sevran pour essayer de calmer les esprits. Dans cette situation, il faut aussi une réponse populaire. Mais pour cela il faut redonner confiance, mobiliser. »
« Se battre autrement qu’avec les mains », Marie-Rose Moro, pédopsychiatre et responsable de la maison des adolescents à l’hôpital Avicenne à Bobigny.
« Je me sens très concernée parce ce qui est en train de se passer. J’ai le sentiment d’une sorte de crescendo tragique. Je crois qu’il faut vite calmer les choses et les esprits afin de permettre de se battre autrement qu’avec les mains. Ensuite, je vois dans ces violences les deux faces de la même chose. À Avicenne, je vois la souffrance au quotidien des adolescents qui s’autodétruisent, qui cassent les liens avec leurs parents. J’essaie d’agir, de reconstruire, de faire des propositions dans le respect de tous. Depuis quelques jours, cette destructivité, qui s’exprime d’habitude contre eux-mêmes, se retourne contre les autres, à l’extérieur. Mais ce sont les mêmes adolescents et la même violence, contre soi et contre les autres. Or la nécessité d’investir massivement sur les enfants et les jeunes n’a pas encore été comprise. On parle des zones de non-droit pour la police, mais il y a aussi des zones de non-droit pour le soin. Là où on devrait avoir plus de possibilités qu’ailleurs, parce que la vulnérabilité des populations est plus importante, on a dix fois moins de moyens. La société doit en tirer des conclusions rapidement. Car nous sommes constamment au bord de la rupture. Or il ne faut pas qu’on lâche, il ne faut pas douter dans ces moments-là. Il faut agir massivement et collectivement. Le soin est un point très important, mais aussi l’école, la justice... et tout cela doit prendre sens dans un habitat acceptable, car le logement est une image de soi-même. »
Propos recueillis par Vincent Defait, Maud Dugrand et Jacqueline Sellem
(tiré du site de l’Humanité, quotidien du PCF)