Même les seigneurs de guerre du Pentagone ne peuvent le nier après la vague d’attentats ayant secoué Bagdad en cette fin octobre : l’Irak est devenu un bourbier pour ses occupants. Si l’on ne saurait comparer cette situation à la résistance que livra jadis le peuple vietnamien aux GI’s, force n’en est pas moins de constater qu’avec plus de 200 morts et plus de 1 600 blessés, l’US Army acquitte le tribut sans cesse plus lourd de la stratégie impériale de M. Bush.
Sans doute, les opérations menées contre les envahisseurs émanent-elles de structures aux motivations diverses, voire de réseaux agissant avec la complicité de certains Etats de la région dans le but de hâter la dislocation du pays. Mais l’intensification de leurs actions est manifestement favorisée par l’opposition de plus en plus ouverte des populations à une occupation qui ne parvient plus à dissimuler ses desseins prédateurs. La révélation, outre-Atlantique, du faramineux racket pratiqué par une filiale du groupe Halliburton, géant du pétrole et du bâtiment que présida Dick Cheney, n’en aura été que la dernière confirmation.
L’Empire se retrouve aux prises avec une contradiction de moins en moins gérable. Il est certes parvenu à obtenir la caution des Etats membres du Conseil de sécurité (à commencer par la France) pour la transformation de l’Irak en protectorat de la première puissance du monde. Reste qu’il ne parvient déjà plus à assumer un semblant d’ordre dans le pays. Du coup, les pays disposés à l’assister financièrement dans ses entreprises ne sont pas légion, comme le souligne l’échec de la conférence des "pays donateurs", à Madrid, les 23 et 24 octobre. Les répercussions négatives de ces difficultés en chaîne sur une économie fragilisée se font d’ores et déjà sentir. Et, encouragé par la protestation des familles de militaires engagés dans cette guerre de rapine, le mouvement antiguerre se réveille : il vient de réunir 15 000 personnes, le 25 octobre, devant la Maison Blanche.
Voilà qui doit nous encourager à renouer le fil de notre bataille du printemps dernier, pour le retrait des troupes d’invasion et le droit à l’autodétermination des peuples d’Irak. Le tout proche Forum social européen nous en fournira l’occasion.
Christian Picquet
Rouge 2037 30/10/2003