Madrid a exigé tout de suite davantage qu’un cessez-le-feu : une rédition unilatérale de cette organisation révolutionnaire qui lutte pour l’indépendance du Pays Basque. Pourtant, le gouvernement espagnol de Zapatero doit encore prouver qu’il croit au processus de négociations et à une solution politique.
En 2006, le gouvernement du Parti socialiste, du président José Luis Zapatero, avait entamé des pourparlers avec l’ETA, Batasuna, parti de gauche indépendantiste, et le PNV, parti nationaliste basque de droite. Les discussions n’ont pas abouti et le gouvernement espagnol a repris la répression sur les organisations civiles indépendantistes : syndicats, organisations jeunesses et Batasuna.
Il est évident que ni la France ni l’Espagne veulent résoudre la situation de cette nation opprimée, à cheval sur leur territoire, sur la côte Atlantique. L’indépendance est certes désirée ardemment par les militants de Batasuna et de l’ETA, mais ils sont aussi disposés à une solution mitoyenne, soit un statut d’autonomie pour les régions basques, des deux côtés de la frontière, si tel est le souhait de la population. Mais toute solution démocratique doit commencer par la reconnaissance le droit du peuple basque à décider de son avenir.
Dans une entrevue au Réseau Voltaire en 2008, donnée quelques jours avant son arrestation, Mme Haizpea Abrisketa, membre du Bureau National de Batasuna, explique comment le gouvernement espagnol privilégie la voie répressive. On a créé en 2002 la « Loi de partis », dans le but explicite de mettre Batasuna hors-la-loi, pour refuser de « condamner » l’ETA, un parti qui récolte 15% de l’électorat au Pays basque. Pour faire une comparaison, c’est comme si on rendait illégal Québec solidaire, parce que des anciens du FLQ y militent.
Les actions violentes de l’ETA sont sans doute inacceptables au point de vue éthique et stratégiquement contre-productives. L’indépendance révolutionnaire doit se construire par la base et dans une action de masse, non pas par la violence d’avant-garde. Cela dit, on ne doit pas perdre de vue la violence institutionnelle à laquelle fait face la gauche basque. En se retirant de la lutte armée, l’ETA retire l’excuse dont se servent les autorités espagnoles pour emprisonner les militants pacifiques. Un repli stratégique qui permettra, on l’espère, à la gauche indépendantiste basque de s’organiser massivement et redonner une légitimité à la lutte pour le droit à l’auto-détermination de l’Euskadi .
Par le passé, peu ou aucun lien ne s’est construit entre la lutte de libération nationale du Québec et celle des autres nations dominées. Probablement dû à l’hégémonie du Parti québécois sur la question nationale, parti qui a toujours préféré mettre son organisation au service de son élite politicienne, plutôt qu’à l’indépendance et la liberté des peuples. La solidarité avec le peuple basque : un engagement dont gauche québécoise aurait besoin pour soigner son indépendantisme refoulé.