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France : Face à la crise et aux licenciements

dimanche 7 décembre 2008, par Sandra Demarcq

La crise économique a des conséquences sociales dramatiques, notamment pour l’emploi. Et ce n’est qu’un début. Face à la cascade de licenciements annoncés, il est urgent qu’un mouvement d’ensemble voie le jour.

Rouge n° 2275, 20/11/2008


Pas un seul jour ne passe sans que des suppressions massives d’emplois soient annoncées, prétendument à cause de la crise économique. Après la construction immobilière et les banques, de nombreux secteurs sont touchés, comme l’informatique, la vente par correspondance, l’agro-alimentaire, la sous-traitance aéronautique ou encore la métallurgie.

Mais c’est sans aucun doute dans l’automobile (sous-traitants compris) que la situation est la plus grave. Après la multiplication des jours de chômage partiel, c’est au tour des suppressions d’emplois. 4 900 emplois supprimés chez Renault, 2 500 chez Peugeot-Citroën, menace de fermeture des sites de General Motors, à Strasbourg, et de Ford, à Bordeaux, sans compter les centaines de suppressions d’emplois chez les équipementiers et dans la sous-traitance.

Au niveau mondial, plus de 85 000 suppressions d’emplois sont annoncées dans l’automobile. Mais, derrière le bon prétexte de la crise, se cache une autre réalité. Les patrons de l’automobile réagissent par anticipation : prévoyant une baisse de leurs profits à long terme, ils licencient pour afficher des résultats « sains ». Mais ils ne sont pas les seuls : Total annonce la revente des raffineries, avec la menace sur l’emploi qui l’accompagne, alors que la multinationale a annoncé des résultats opérationnels en augmentation, malgré la baisse du prix du pétrole. Texas Instruments vient d’annoncer 350 suppressions d’emplois en France, alors que son bilan reste largement positif, avec 563 millions de dollars de bénéfices pour le troisième trimestre 2008. On le voit, la crise devient un super-prétexte pour les mauvais coups du patronat !

Face à cette situation, des résistances et des luttes sociales, certes éparpillées et parfois isolées, se développent. Les grèves des pilotes d’avion, la manifestation européenne des cheminots et la myriade de conflits partout en France contre les licenciements, en particulier les luttes des travailleurs de l’automobile, prouvent que de plus en plus de travailleurs n’acceptent pas de payer la crise des capitalistes. Les mensonges ne prennent plus : dire, par exemple, que les caisses sont vides pour les emplois, les salaires, la protection sociale, la santé ou La Poste, alors que des milliards d’euros sont trouvés en une nuit pour renflouer quelques banques, cela ne passe plus.

Dans ce contexte, nous devons donc attiser ce climat et exiger l’interdiction des licenciements. À commencer par ceux des grands groupes, qui profitent de la crise pour accélérer leurs restructurations au-delà des baisses réelles de commandes. Cette hécatombe doit être arrêtée. Les grands groupes doivent maintenir les salaires et l’emploi à 100 %, y compris dans la sous-traitance, sous peine de nationalisation. Cela nécessite notamment une incursion dans la propriété privée capitaliste, à commencer par l’ouverture des livres de comptes et la levée du secret bancaire de toutes les entreprises.

Face à la crise sociale, la gauche sociale et politique, sans préalable et sans sectarisme, doit se rassembler, pour que naisse un mouvement d’ensemble permettant de stopper les mauvais coups du patronat et du gouvernement, pour refuser que l’ensemble de la population et des travailleurs paient la crise. Et pourquoi pas se mettre tous d’accord sur une manifestation nationale contre les licenciements et pour les salaires avant la fin de l’année ? ■

Sandra Demarcq