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Points de vue sur la situation brésilienne

Des représentantes de la CUT font un bilan positif des 7 premiers mois de pouvoir de Lula

dimanche 31 août 2003

Dans le cadre de ses activités internationales, la Confédération des syndicats nationaux (CSN) au Québec a organisé une soirée publique avec deux représentantes du Secrétariat national des femmes de la Central Unica dos Trabalhadores (CUT) du Brésil. Mesdames Maria Ednalva Bezarra de Lima et Maria Rita Batista de Souza ont fait le point sur la situation politique au Brésil depuis l’élection de Luis Ignacio Lula da Silva et sur les attentes du mouvement syndical envers le nouveau président brésilien.

On se rappellera que le mouvement syndical international avait accueilli avec beaucoup d’enthousiasme l’élection en octobre 2002 de Luis Ignacio Lula da Silva à la présidence du Brésil. Appuyé par les syndicats brésiliens, l’ancien métallo, que ses partisans de la gauche appellent affectueusement « Lula », a pris le pouvoir à la tête du Brésil après de longues années de lutte. Depuis son élection, le président Lula, du Parti des travailleurs (PT), continu de véhiculer un discours et une vision de justice sociale pour tous les Brésiliens et toutes les Brésiliennes. Malgré une situation socio-économique désastreuse laissée en héritage par les anciens dirigeants du pays et afin de mettre fin aux énormes inégalités que vit une grande partie de la population brésilienne, la président Lula a amorcé des réformes en profondeur des diverses lois sociales en vigueur dans ce vaste territoire de l’Amérique du Sud qui compte 172 millions d’habitants.

Appui aux grands projets de réforme sociale de Lula

Dans le cadre de la soirée publique organisée par la CSN, le 20 août dernier à Montréal, les représentantes de la CUT ont mentionné que les projets mis de l’avant par le président Lula, incluant la réforme de la Loi de la providence sociale et la réforme des retraites, reçoivent l’aval du milieu syndical brésilien. Les projets de réforme, qui visent un partage plus équitable de la richesse dans un pays où les disparités économiques entre les riches et les pauvres sont énormes, répondent aux luttes que mènent les syndicalistes depuis longtemps. Les réformes mises de l’avant par la président Lula suscitent donc beaucoup d’espoir pour les syndicats.

Par ailleurs, les représentantes syndicales mentionnent qu’un nouveau dialogue s’est installé entre les syndicalistes et, le président, Luis Ignacio Lula da Silva. Les syndicalistes brésiliennes font remarquer que l’élection à la présidence du pays de l’ancien métallo Lula a eu pour effet de modifier la perspective avec laquelle les syndicats abordent maintenant leur relation avec celui-ci. Maria Ednalva Bezarra de Lima précise qu’il est certain que les dirigeants de la centrale syndicale et de ses syndicats affiliés appuient majoritairement Lula dans son désir d’améliorer les conditions de vie et de travail de la population brésilienne. Cependant, malgré les liens étroits qui unissent Lula et le mouvement syndical brésilien, la CUT demeure consciente de son rôle de défense des droits des travailleurs et des travailleuses et entend maintenir son droit à la critique envers les projets du nouveau gouvernement brésilien.

Maria Rita Batista de Souza note qu’il est évident que l’arrivée au pouvoir de Lula ne pouvait avoir de résultats spontanés et miraculeux qui régleraient tous les problèmes du peuple brésilien. Selon les syndicalistes, le vaste chantier de reconstruction de la justice sociale et de la répartition équitable de la richesse du Brésil ne peut se faire qu’à long terme. Les représentantes de la CUT constatent, qu’après 7 mois de pouvoir, le président Lula est sur le bonne voie des réformes sociales.

Situation des travailleuses brésiliennes

Parmi les nombreuses situations d’injustice qui interpellent les syndicalistes brésiliennes, madame Batista de Souza mentionne la situation de misère extrême que vivent les femmes noires au Brésil. Les femmes noires représentent 44 % de la population globale au Brésil et, celles-ci, souffrent de lourdes discriminations socio-économiques. Par exemple, les femmes noires ont un revenu moyen inférieur de 74 % au revenu des femmes blanches. Outre la situation des femmes noires, les représentantes syndicales de la CUT ajoutent qu’une grande partie des travailleuses brésiliennes continuent de subir de nombreuses formes de discrimination en emploi, et ce, malgré que le mouvement féministe brésilien soit très actif depuis de nombreuses années. Toutefois, le Secrétariat national des femmes de la CUT met ses espoirs dans les projets de réforme sociale du président Lula et se réjouit de la création d’un ministère de la Condition féminine. Les syndicalistes brésiliennes affirment aussi leur appui au projet de loi pour contrer la violence qui sévit particulièrement dans les grandes villes brésiliennes.

La CUT préfère le Mercosur à la ZLÉA

Les représentantes de la CUT nous rappellent que les organisations syndicales brésiliennes s’opposent massivement à l’accord de libres échanges (ZLÉA). Par ailleurs, la CUT appuie la mise en place et le développement du Mercosur, une entente de libres échanges entre le Brésil, l’Argentine, la Paraguay et l’Uruguay. La CUT soutient que l’accord du Mercosur a déjà démontré des retombées économiques et sociales positives pour les pays membres, notamment, dans le domaine de la syndicalisation. Finalement, à l’instar des grandes organisations internationales du travail, la CUT réclame l’intégration des aspects sociaux lors des négociations et de la signature des accords de libres échanges internationaux.