Les expulsions des parlementaires radicaux scellent le destin du Parti des travailleurs (PT). Le PT tourne le dos aux intérêts de la classe des travailleurs, du peuple paupérisé et endurant des souffrances qui ont voté en faveur de Lula pour changer le Brésil. Le PT ne dirige pas les changements dont le Brésil a besoin. Il n’y aura même pas de réformes progressistes qui puissent aider à la nécessaire accumulation de forces afin de mettre en place un gouvernement de la classe laborieuse, dans la perspective d’une société socialiste.
Pour cela, il faudrait que le PT s’affronte aux intérêts du grand capital, des oligarchies et de la grande propriété terrienne. Le PT a préféré s’allier à ces derniers au lieu de lutter pour chercher à leur infliger une défaite. Dès lors, le PT a tourné le dos au futur.
Au côté de Luciana Genro, notre militante et porte-parole [Luciana Genro est députée fédérale, Etat de Rio Grande do Sul, élue en tant que membre du PT, et membre du MES], au côté d’Heloisa Helena [sénatrice de l’Etat d’Alagoas et membre du courant Démocratie socialiste, auquel appartient aussi le ministre du Développement agraire Miguel Rossetto], de Baba [député fédéral, Etat de Para, membre du Courant socialiste des travailleurs], et de Joao Fontes [député fédéral, Etat de Sergipe, membre du Pôle de résistance socialiste], expulsés parce qu’ils ont refusé de se taire alors qu’il s’agissait de défendre des intérêts de la classe laborieuse, le Mouvement de la gauche socialiste se considère dehors du PT ; il a décidé de rompre et de construire une nouvelle alternative.
Nous appelons à l’unité de toutes et tous - qui, à l’instar des "radicaux", n’ont pas abandonné la lutte contre le FMI et l’ALCA [Zone de libre-échange des Amériques], la lutte pour l’emploi, le salaire, la réforme agraire ; et qui ne renonceront pas à la lutte anti-impérialiste et socialiste - afin de réunir la gauche cohérente en un nouveau parti. Un parti socialiste et anti-impérialiste, qui soit profondément démocratique, qui ne soit pas la propriété de parlementaires caciques, qui reprenne dans ses mains les revendications historiques de la classe ouvrière et représente un dépassement du PT actuel, aussi bien en termes de programme, de fonctionnement qu’en termes de conception d’ensemble.
Beaucoup sont convaincus de cette nécessité. D’autres, nombreux, ont déjà renoncé au PT. Et d’autres sont en train d’y renoncer en ne se laissant pas coopter. Nous voulons conduire ce débat avec tous, d’une manière ouverte et démocratique, dans un vaste mouvement qui reprendra les bannières du PT qu’il a laissé tomber derrière lui. Nous reproduisons, ci-dessous, l’intervention de la camarade Luciana Genro faite devant la Direction [conseil] nationale du PT [le 14 décembre 2003] qui a voté par 55 voix contre 27 l’expulsion des parlementaires radicaux. Ce même jour, après la votation ayant abouti aux expulsions, le camarade Roberto Robaina [membre de la direction du MES], alors membre du Conseil national du PT, a annoncé sa démission du PT au nom de tout le MES. - Porto Alegre, 15.12.2003