Le fait que le Parti communiste cubain (PCC) ait éprouvé le besoin de s’adresser aux « partis et organisations amis » révèle l’ampleur du problème auquel sont confrontés les dirigeants cubains face aux réactions qui ont suivi l’exécution de trois citoyens cubains et la condamnation à des peines de prison très sévères d’autres citoyens affirmant vouloir exercer leur droit de critique.
Pour sa part, la IV Internationale rappelle que depuis 1959 elle s’est rangée du coté de la révolution ; qu’elle a défendu des choix cruciaux des dirigeants cubaines face aux critiques et aux attaques non seulement des classes dominantes et leurs gouvernements, mais aussi de la plupart des partis communistes et sociaux-démocrates et des dirigeants des pays du prétendu socialisme réel. Elle a mis en relief les aspects originaux de la révolution cubaine de même que son aide, dans un esprit internationaliste, à des mouvements révolutionnaires. Mais, quand elle a estimé nécessaire d’avancer des critiques, notamment sur les attitudes du gouvernememt cubain envers la direction de l’Urss et d’autres pays non capitalistes, envers le gouvernement du PRI mexicain, ou sur la bureaucratisation du régime, elle l’a fait ouvertement.
Aujourd’hui, les méthodes adoptées lors des évènements dramatiques récents sont inacceptables d’un point de vue démocratique révolutionnaire et inacceptables pour la défense da la révolution et de ses conquêtes sociales et culturelles. Notre réponse est sans ambiguïté. Le gouvernement cubain avait d’ailleurs adopté une attitude tout à fait différente à d’autres occasions, notamment lors des tentatives massives d’émigration illégale en 1980 et en 1994.
Il est vrai que, comme l’indique la lettre du PCC, « l’hostilité de l’administration Bush à l’égard de Cuba a dépassé celle de toutes les administrations précédentes ». Les classe dominantes, celles des Etats-Unis en premier lieu, utilisent depuis toujours des méthodes barbares, mais combattre cette politique ne peut justifier l’utilisation de méthodes antidémocratiques, dont l’inadmissible peine de mort, par un gouvernement qui se réclame du socialisme. Justement parce que certaines méthodes sont propres des classes exploiteuses, elles ne sauraient être appliquées par des révolutionnaires.
Il est incontestable que Cuba se trouve dans une situation encore plus difficile que dans le passé. Bush et sa bande ont démontré qu’ils sont prêts à utiliser n’importe quels moyens pour imposer davantage leur hégémonie sur le monde entier. La meilleure défense pour Cuba est d’assurer la participation active, de plus en plus démocratique, des couches les larges de la population aux tâches ardues de défense de la révolution, avec tous les droits d’expression et de critique. La meilleure défense réside en même temps dans la solidarité la plus ample des partis et organisations amis et des peuples d’autres pays. Mais le recours à des méthodes répressives extrêmes par la direction cubaine rend beaucoup plus difficile une telle solidarité.
Une fois de plus, tout en critiquant sans aucune ambiguïté les dernières initiatives de la direction cubaine, nous réaffirmons notre solidarité avec le peuple cubain contre l’embargo imposé par les USA.
le 14 mai 2003