La GaucheToutes les organisations syndicales, la quasi-totalité des associations antiracistes et tous les partis de gauche appellent à des manifestations unitaires le 7 novembre contre le racisme, l’antisémitisme et toutes les discriminations. Il était temps ! Depuis des mois, des cimetières ou des lieux de culte sont profanés, des hommes, des femmes ou des enfants sont agressés en raison de leur origine, de leur religion ou de leur appartenance supposée. Durant le long week-end du 1er novembre, un cimetière juif a encore été saccagé en Alsace. D’autres cimetières, juifs ou musulmans avaient été précédemment l’objet des mêmes ignominies, assorties d’inscriptions néonazies.
Les discriminations arrangent les patrons
Le racisme montant, la recrudescence de l’antisémitisme s’alimentent des discriminations aggravées par l’offensive libérale en cours. Bluff médiatique : trente-cinq grandes entreprises viennent de signer une " Charte de la diversité ". Parmi elles, certaines comme Ikea ont déjà été épinglées par la justice pour discrimination raciale. Chacun sait le poids des discriminations à l’embauche, à l’accès à la formation, au déroulement de carrière quand on a un nom et un prénom pas très catholiques, ou la peau basanée, ou encore quand on est originaire d’un quartier mal réputé. A ces discriminations, s’ajoutent celles qui frappent les femmes et les homos. Sept millions d’emplois (30% de la totalité des emplois publics et privés) restent soumis à une condition de nationalité, française ou européenne. Un étranger non communautaire peut être médecin hospitalier ou enseignant, mais condamné à un statut précaire. Il est temps de mettre fin à cette forme de préférence nationale qui ne dit pas son nom et qui ne sert qu’à perpétuer la précarité !
Le resultat des politiques anti-immigres et anti-jeunes
Même si le racisme ne date pas d’hier, le gouvernement est responsable de son aggravation par la politique qu’il mène : lois sécuritaires criminalisant la jeunesse, lois Sarkozy-Villepin contre les immigrés et les demandeurs d’asile, etc. Même des enfants de sans-papiers sont arrachés à l’école par la police pour rejoindre leurs parents en centre de rétention en vue de l’expulsion, comme à Rennes et à Nantes ! Pour mieux diviser les victimes du chômage, de la précarité, de l’exploitation, le gouvernement attise les haines. La loi Chirac contre le voile islamique, loin d’aider les jeunes filles concernées à se débarrasser de ce signe d’oppression, n’a rien résolu. Pire, elle a stigmatisé une partie de l’immigration de culture musulmane, abusivement assimilée à l’intégrisme réactionnaire. De même, les dénonciations rituelles du communautarisme par les plus hautes autorités de l’Etat ne font que l’attiser, lorsque l’on dédouane par exemple l’extrême droite des actes antisémites actuellement commis pour en attribuer la responsabilité essentielle à la jeunesse des banlieues.
Une Europe libérale du rejet
Non content de graver dans le marbre un système " où la concurrence est libre et non faussée ", le projet constitutionnel se réclame de " l’héritage spirituel " chrétien. Si on a vu tant de députés s’agiter contre l’adhésion de la Turquie, ce n’est pas à cause de la répression d’Etat ou de la négation du génocide arménien. Libéraux et " souverainistes " se sont retrouvés sur un commun rejet de l’entrée de dizaines de millions de musulmans dans la citoyenneté européenne. On n’a pas entendu ces mêmes députés s’opposer au projet de constituer des camps aux frontières de l’Europe pour y enfermer les demandeurs d’asile. En votant " non ", nous exprimerons le refus d’une forteresse européenne, libérale et chrétienne.
Tous les racismes sont un poison
Le racisme, tous les racismes gangrènent la société. D’où qu’ils viennent, qu’ils soient dirigés contre les Juifs, contre les Noirs, contre les Arabes, contre les Turcs, contre les Asiatiques ou, plus généralement, contre les musulmans, tous doivent être fermement combattus. Parce que c’est un moyen, pour les patrons et le gouvernement, de diviser les salariés et la jeunesse, il faut s’en prendre à ses racines : l’exclusion et l’inégalité sociales. Seul un large mouvement unitaire, rassemblant les travailleurs et les jeunes de toute origine peut faire reculer le racisme et l’antisémitisme.
Le 2 novembre 2004
(Tiré de Rouge)
2004-11-03 10:04:57 (tiré du site de Rouge)