Le 15 mai, une rencontre s’est déroulée à Washington entre des dirigeants de US Labor Against War (USLAW) et l’Entente internationale des travailleurs et des peuples.
Au cours de l’échange qui a eu lieu, il a été proposé de lancer une "campagne internationale pour les droits ouvriers en Irak".
Dans la situation créée par l’invasion américaine de l’Irak, avec l’armée des Etats-Unis devenant une armée d’occupation pour protéger les intérêts des firmes opposées à l’action syndicales et favorites de Bush (comme Vechtel, SSA, MCI, Halliburton, etc.), qui ont reçu de gros contrats pour "reconstruire l’Irak", lancer une campagne organisée pour promouvoir les droits ouvriers en Irak est, à notre avis, une priorité pour tous les syndicats et tous les militants ouvriers qui agissent à l’échelle mondiale pour la paix et la justice sociale.
Les travailleurs d’Irak auront besoin des syndicats indépendants et de l’ensemble des droits codifiés dans les conventions de l’OIT dans les semaines, dans les mois qui viennent. Des syndicats indépendants et l’exercice sans restriction des droits ouvriers constituent la base de toute société qui se réclame de la démocratie.
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Le 28 mars 2003, le Bureau international du travail (BIT) a fait une déclaration qui souligne l’importance d’une telle campagne internationale :
"La guerre a éclaté en Irak, malgré les efforts acharnés qui ont été déployés pour essayer de régler le problème par des moyens pacifiques. L’histoire nous a montré que les guerres ont des répercussions profondes sur la vie d’un grand nombre de personnes, bien au-delà de celles qui sont directement associées au conflit. Les pertes de vies humaines de tous côtés seront une tragédie pour les familles, et le bouleversement de l’activité économique dans la région mettra en péril les sources de revenus de millions de travailleurs.
Dans cette situation, les principes fondateurs de l’OIT, voués à la justice sociale et à la protection des travailleurs, répondent aux besoins de ceux qui seront frappés par la guerre.
Considérant la tâche immédiate et titanesque de la reconstruction après la guerre, l’OIT a la ferme volonté de jouer son rôle, pour créer des emplois et garantir un moyen de subsistance au plus grand nombre.
A cet effet, le BIT prend des mesures d’urgence dans le cadre d’une initiative de l’ensemble du système des Nations unies, qui vise à répondre aux besoins immédiats en Irak.
Il s’agit de mettre en œuvre un plan d’action pour protéger les travailleurs, évaluer les besoins du marché du travail après le conflit, lancer des projets de reconstruction conçus pour créer des emplois et assurer une protection sociale suffisante aux groupes vulnérables.
Le BIT est prêt à participer, avec le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), au programme proposé de reconstruction de l’Irak (...).
A plus long terme, l’OIT désire jouer un rôle majeur dans les efforts de la communauté internationale pour la reconstruction, se centrant sur une réponse stratégique aux conséquences pour l’emploi du conflit et également en contribuant à la création d’un environnement positif pour l’investissement, la croissance et la démocratie, dans lequel les droits ouvriers sont pleinement reconnus et respectés" (déclaration sur les conséquences du conflit en Irak).
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De 1919 au début des années 1980, l’Irak a ratifié 57 conventions de l’OIT. Celles-ci seront-elles ratifiées et effectivement mises en œuvre sous le nouveau régime qui prévaut en Irak ? Si le but de la guerre était effectivement de rétablir la démocratie, cela n’impliquerait-il pas, par exemple, que la convention n° 98 de l’OIT (concernant la liberté d’association et la négociation collective) soit appliquée, afin que les travailleurs irakiens puissent organiser leurs propres syndicats indépendants et agir pour leurs revendications dans le cadre pleinement respecté de négociations collectives ?
L’Irak a une longue tradition de syndicalisme et de droits ouvriers codifiés. Il n’est pas nécessaire de réinventer à partir de rien
Au strict minimum, le nouveau régime en Irak doit reconnaître, ratifier et appliquer l’ensemble des conventions de l’OIT ratifiées par les différents gouvernements irakiens dans les dernières 84 années.
Défendre l’OIT et ses conventions fait pleinement partie de cette campagne pour promouvoir les droits ouvriers en Irak.
La direction de l’AFL-CIO a rendu public un communiqué de presse, dénonçant l’administration Bush pour sa décision de réduire les fonds affectés à l’OIT : "Le Bureau international du travail (BIT) va voir son budget réduit de 147 millions de dollars à 12 millions de dollars, ce qui élimine effectivement la plus grande partie de ses activités. Ce bureau, qui travaille étroitement avec l’OIT, a pour tâche la protection des droits des travailleurs dans le monde, la lutte contre le travail des enfants et l’éducation des travailleurs pour faire face à la menace du sida. "
La mesure de revanche prise par l’administration Bush contre l’OIT constitue une grave attaque sur les droits des travailleurs dans le monde entier. Elle constitue aussi un coup porté contre la paix : l’OIT disait explicitement dans le préambule de sa charte de fondation qu’une "paix universelle et durable ne peut être fondée que sur la justice sociale ; les conditions actuelles du travail aboutissent à l’injustice, à la pauvreté et à la misère pour un très grand nombre, créant un tel mécontentement que la paix et l’harmonie universelles sont menacées".
Nous appelons les syndicalistes et ceux qui soutiennent les droits des travailleurs, aux Etats-Unis et dans le monde, à se joindre à nous dans un soutien actif à la campagne pour les droits ouvriers en Irak.
Un représentant de USLAW sera présent à la rencontre de l’Entente à Genève, le 15 juin.
Une entreprise de cette ampleur, comme vous le
comprendrez sans aucun doute, exige beaucoup d’argent. Nous lançons une souscription pour contribuer à cette campagne. Nous avons besoin rapidement de votre soutien pour pouvoir effectivement lancer cette campagne sans délai.
Nous vous prions d’envoyer un chèque, qu’il soit grand ou petit, au comité d’accueil de la rencontre de Genève, à l’ordre de CMO. Nous vous remercions par avance de votre soutien.
Cette campagne concerne tous les syndicats et tous ceux qui soutiennent les droits des travailleurs, et qui sont d’accord avec la formulation de la charte de fondation de l’OIT qu’une "paix universelle et durable ne peut se fonder que sur la justice sociale".
Fraternellement.
Luc Deley, comité d’accueil
de la rencontre de Genève du 15 juin
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A Genève, à l’initiative de USLAW sera proposée une « campagne pour les droits ouvriers en Irak »
Au lendemain de la tragédie qu’a représentée la guerre pour le peuple et la nation irakienne, les travailleurs irakiens, aujourd’hui soumis à l’occupation, doivent pouvoir disposer de leurs droits.
Une résolution du Bureau international du travail sur la reconstruction de l’Irak aborde cette question. Elle sera débattue à Genève, avec notamment les représentants des syndicats des pays arabes qui seront présents. Un rapport sera présenté sur la situation des travailleurs à Bagdad.
Une rencontre a eu lieu à Washington entre les représentants de la coalition syndicale "US Labor Against the War" et l’Entente internationale des travailleurs et des peuples. La proposition suivante est ressortie des débats : organiser une "campagne pour les droits ouvriers en Irak" et préparer une délégation syndicale internationale en Irak.
La Rencontre internationale pour la défense des conventions de l’OIT et de l’indépendance des organisations ouvrières aura lieu le dimanche 15 juin 2003, de 11 heures à 18 heures, à Genève, au centre postal de Montbrillant, salle de conférences Ellenberger, 40, rue de Montbrillant (derrière la gare de Cornavin).