Accueil > Politique québécoise > LES MOUVEMENTS SOCIAUX ET L’ACTION POLITIQUE DE GAUCHE AU QUÉBEC

LES MOUVEMENTS SOCIAUX ET L’ACTION POLITIQUE DE GAUCHE AU QUÉBEC

vendredi 20 septembre 2002

Quelle ou quelles gauches ? Quelle ou quelles actions politiques ?
UNE INVITATION…
La Chaire d’études socio-économiques de l’Université du Québec à Montréal vous invite à un colloque sur Les mouvements sociaux et l’action politique de gauche au Québec dans le contexte de la mondialisation néolibérale les 20 et 21 septembre 2002 à la salle Marie-Gérin-Lajoie de l’UQÀM. 

DANS UN CONTEXTE DES PLUS PRÉOCCUPANTS

La déclaration du Sommet des peuples en avril dernier était sans équivoque : la mondialisation néolibérale (et son application à la zone des Amériques) est capitaliste, sexiste et destructrice de l’environnement. Non seulement le Québec n’y échappe pas, mais durant les deux dernières décennies en particulier, les politiques des divers gouvernements (tous niveaux de gouvernement et tous partis politiques confondus) ont renforcé cette orientation, ceux-ci étant totalement soumis au nouvel ordre mondial, à l’ALÉNA, à la ZLÉA, au FMI, etc.

La pensée économique dominante se nourrit d’une nouvelle sainte trinité : libéralisation-privatisation-déréglementation. Partout sur la planète, cette nouvelle religion du « tout-au-marché » produit un nombre de plus en plus grand de perdants, et surtout de perdantes. Elle provoque de graves crises sociales tel le drame de l’Argentine, après ceux de la Russie, du Mexique, du Brésil. Elle creuse encore plus l’écart entre pays riches et pays pauvres et, au sein de toutes les sociétés, entre les nantiEs, minoritaires, et les appauvriEs, majoritaires. Cette situation existe non parce qu’il y a « affaiblissement » du politique mais parce que les dirigeantEs politiques se comportent de manière complaisante face aux détenteurs de capitaux et abdiquent leur pouvoir et leur responsabilité face au pouvoir économique, creusant ainsi le déficit démocratique.

Au Québec, jour après jour, l’influence des dérives du néolibéralisme sur la classe politique contribue à détériorer notre héritage social et à démanteler les services publics et les institutions dont nous nous sommes dotés collectivement. Le résultat concret de cette politique c’est la chronicisation du chômage, l’augmentation de la pauvreté et l’instauration d’une culture de l’exclusion sous toutes ses formes, affectant gravement la qualité de vie de la majorité des citoyens et citoyennes du Québec.

Au niveau international, les événements du 11 septembre ont entraîné le retour en force des guerriers de tout genre : on assiste partout au renforcement des appareils de sécurité, à la promulgation de lois antiterroristes dangereuses pour les droits et libertés fondamentales, à l’augmentation faramineuse des budgets militaires et de son corollaire l’industrie de l’armement. La politique impériale des États-Unis s’étend à l’ensemble de la planète. La lutte au « terrorisme » a remplacé la lutte au communisme pour légitimer les interventions militaires et criminaliser toute dissidence politique.

Nous assistons en direct à l’explosion de la poudrière que constituent l’occupation par Israël des territoires palestiniens, leur utilisation des événements du 11 septembre pour légitimer et accentuer les agressions contre le peuple palestinien, leur refus de travailler à une solution politique négociée du conflit selon les résolutions de l’ONU.

Par ailleurs, on sent l’influence grandissante de la droite et même de l’extrême-droite progresser dans plusieurs pays (ex :France, Italie, Autriche) y compris au Canada (Ontario, Alberta, Colombie-Britannique) et au Québec avec entre autre la lente montée de l’ADQ.

DES MOUVEMENTS SOCIAUX ET POLITIQUES QUI SE MOBILISENT

Par ailleurs, les bonnes nouvelles dans ce contexte, c’est que les mouvements sociaux résistent, proposent des alternatives et se mobilisent, c’est que des formations politiques de gauche, travaillant de façon unifiée, ont une plus grande visibilité, c’est que les peuples autochtones maintiennent la pression pour leur reconnaissance politique, c’est que des forces citoyennes sont à l’œuvre sur tous les fronts : luttes pour le logement social, et contre la privatisation dans les secteurs de la santé et de l’éducation, nouveaux mouvements sociaux sur le front de l’agriculture, de l’alimentation, du commerce équitable, de l’eau comme « patrimoine commun de l’humanité », collectif pour une loi d’élimination de la pauvreté, campagnes de la Ligue des Droits et Libertés contre les lois anti-terroristes, mobilisations multiples contre le sort fait au peuple palestinien, gestes de solidarité avec les femmes afghanes, événements contre le G8, mouvement pour une taxation des transactions financières (ATTAC), augmentation du nombre et de l’intensité des grèves, mouvement pour modifier le mode de scrutin afin de rendre le système politique plus représentatif des divers courants politiques de la société québécoise, etc.

UN DÉBAT NÉCESSAIRE ET URGENT

Mais, dans un tel contexte et à travers les résistances, les oppositions et les mobilisations, des questions de fond demeurent :

 Que faire quand une seule position est aujourd’hui représentée à l’Assemblée nationale, qu’il n’y a plus d’opposition ni de courant de pensée alternatif et, par conséquent, que nos mouvements ont de plus en plus de mal à combattre et/ou influencer leurs politiques ?

 Que faire quand, depuis plusieurs décennies, l’absence d’un mode de scrutin proportionnel (tant au fédéral qu’au provincial) condamne à la marginalité les efforts de formations politiques de gauche ?

 Que faire quand la Marche mondiale des femmes mobilise plus de 30,000 personnes à Montréal et n’obtient des gouvernantEs qu’une dérisoire augmentation de 0,10 $/hre du salaire minimum ?

 Que faire quand 60,000 personnes manifestent à Québec lors du Sommet d’avril 2001 mais sans que leurs voix ne soient entendues ?

 Que faire quand les libertés fondamentales sont menacées au nom de la guerre au terrorisme ?

 Que faire quand nos gouvernements appuient la politique de guerre des États-Unis ?

 Que faire quand la lutte à la pauvreté stagne ?

Ces questions posent « la » question de l’action politique de manière aiguë et urgente : « Quelle action politique et quelles actions politiques envisager pour les mouvements sociaux québécois (syndicaux, féministes, communautaires, ethno-culturels, de défense des droits, de coopération internationale, altermondialistes, etc.) ? »

 De quelle ou quelles gauches parlons-nous ?

 Quels liens avec les formations politiques de gauche ?

 Quelles nouvelles stratégies d’action politique pour les mouvements sociaux ?

 Comment faire la politique autrement ? Comment susciter non seulement les mobilisations sporadiques mais l’implication citoyenne, comment soulever les passions non seulement pour un projet de société différent mais aussi parce que porteur d’une façon de faire différente ?

 Comment tenir compte des divers pluralismes de la société québécoise ?

 Quelles sont les expériences pouvant nous inspirer au niveau international ?

VOTRE PARTICIPATION EST ESSENTIELLE

Afin de favoriser le débat le plus large et de dégager si possible des stratégies d’action concrètes, le programme du colloque prévoit la tenue d’ateliers thématiques (jeunes/étudiantEs, femmes, mouvement ouvrier/action syndicale, groupes ethno-culturels, premières nations, etc.) appuyés sur une documentation issue des mouvements eux-mêmes.

C’est pourquoi nous désirons vous inviter non seulement à participer aux débats dans le cadre du colloque mais également à soumettre des documents propres à nourrir ce débat. Les différentes composantes de nos mouvements sociaux ayant des lectures différentes de la situation, l’ensemble des contributions permettra d’en établir le portrait global.

Nous souhaitons également intégrer à nos discussions des expériences de solidarité, de coopération internationale et d’action politique susceptibles de démontrer qu’un autre monde est possible, égalitaire, solidaire, démocratique et pacifique ; et que déjà une mondialisation à visage humain s’oppose à la mondialisation économique néolibérale inhumaine.

Dans les prochaines semaines, nous vous ferons parvenir de plus amples informations quant à l’organisation du colloque et solliciterons vos points de vue à ce sujet. Celles et ceux intéresséEs à participer encore plus activement à la préparation de ce colloque sont les bienvenuEs.

Espérant que vous accueillerez favorablement notre invitation,

Signatures :

Gaétan Breton, professeur au département des sciences comptables de l’Université du Québec à Montréal
Pierre Ceré, Comité de chômage de Montréal
Michel Chartrand, syndicaliste
Jean-Yves Desgagnés, coordonnateur, Front commun pour les personnes assistées sociales
Luc Desnoyers, directeur québécois des Travailleurs canadiens de l’automobile
Éric Desormeaux, directeur syndical de l’Association des pompiers de Montréal
Pierre Dubuc, directeur de l’Aut’Journal
Charles Fleury, secrétaire général du Syndicat des employé-e-s de métiers d’Hydro-Québec, section locale 1500 (S.C.F.P. Québec)
Jacques Fournier, organisateur communautaire dans un CLSC
André Frappier, directeur national du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes, région du Montréal Métropolitain
Mario Gervais, président du syndicat canadien de la fonction publique-Québec (SCFP-Québec)
Anne Gingras, présidente, Conseil Central de Québec-Chaudière-Appalaches (CSN)
Vincent Greason, coordonnateur de la table des organismes volontaires d’éducation populaire de l’Outaouais
Lorraine Guay
Léo-Paul Lauzon, titulaire, Chaire d’études socio-économiques
Luz Maria Olguin, membre de radio Centre-Ville
Alain Proulx, président du Syndicat national des employés de l’Aluminium d’Arvida
Pierre Rousseau, président provincial du Syndicat des technologues d’Hydro-Québec, section locale 957 (S.C.F.P.-Québec)
Serge Roy, membre de l’Association pour un contrat mondial de l’eau
Arthur Sandborn, président, Conseil Central du Montréal Métropolitain (CSN)
Michel Sawyer, président du Syndicat de la fonction publique du Québec
Jawad Skalli, chargé de programmes à l’Agence canadienne de développement international
Jennie Skene, présidente de la Fédération des infirmières et infirmiers du Québec
Raymond Tremblay, vice-président du Syndicat de techniques et de bureau d’Hydro-Québec, section locale 2000 (S.C.F.P. Québec)

(*) Les personnes signataires de la présente se prononcent en leur nom personnel seulement et n’engagent aucunement leur organisme.