Une fois de plus, Ariel Sharon choisit l’escalade sanglante au Proche-Orient. Non que le chef spirituel du Hamas, Cheikh Yassine, suscite notre sympathie. Le développement de son mouvement intégriste fut même favorisé par les dirigeants israéliens, à l’époque où ils croyaient ainsi diviser le mouvement national palestinien et stopper le développement de ses composantes laïques. La question n’est toutefois pas là. Son assassinat, conjugué avec les dizaines de victimes palestiniennes dans la bande de Gaza, s’avère de nature à provoquer une explosion de violence au-delà de la Palestine. Ury Avnery, leader du mouvement anticolonialiste israélien Gush Shalom, est ainsi fondé à relever que cet acte s’assimile à une déclaration "de guerre à l’ensemble du monde musulman".
En s’en prenant à ce chef religieux, le gouvernement Sharon se lance dans une fuite en avant redoutable. Tentant de profiter de l’émotion internationale suscitée par les odieux attentats de Madrid, il provoque sciemment l’action de représailles des partisans du Hamas. Laquelle viendra à son tour justifier la logique de guerre totale des dirigeants israéliens contre le peuple palestinien. Cette stratégie n’a pour seul dessein que d’autoriser de nouvelles incursions meurtrières de l’armée israélienne dans des villes ou camps palestiniens, de parachever l’annexion de facto d’une grande partie de la Cisjordanie, de pousser une population au désespoir, d’anéantir tout espoir de voir un jour un Etat palestinien viable se constituer.
Parlons sans détours : cette politique relève du terrorisme d’Etat. Le peuple palestinien la subit depuis d’innombrables années. Mais les civils israéliens en seront de plus en plus victimes à leur tour. Autant dire que c’est toute une région que M. Sharon met au bord du gouffre. Notre mobilisation est urgente pour empêcher un nouveau bain de sang, obtenir le retrait de l’armée israélienne des territoires qu’elle occupe depuis 1967, exiger le démantèlement de toutes les colonies, imposer une solution de justice conforme à l’intérêt des deux peuples vivant sur la même terre. Ce qui suppose la reconnaissance du droit des Palestiniens à déterminer librement leur avenir...
Christian Picquet
(Tiré de Rouge)