12 mars 2004
Le massacre perpétré hier à Madrid est une barbarie inadmissible, quelque que soit la cause qui s’en réclame. Attaquer, de façon aveugle, un moyen de transport public, à une heure de pointe avec la volonté assumée de provoquer un grand nombre de morts est un acte inhumain qui n’a aucune type de justification.
Devant cela, nous ne pouvons qu’en appeler à la plus radicale condamnation, sans aucune nuance aucune. Plus de 190 personnes sont mortes et 1 400 ont été blessées dans cette tragédie. Chacune de ces morts est un drame en lui-même, mettant fin à des vies, détruisant des familles et générant, en plus, une terrible terreur sociale. Comment démontrer notre solidarité à toutes les victimes, à tous ceux et celles touchés , sans que ces mots ne restent qu’un discours stérile ? Le choc et l’impact de cette tuerie sont si grands que toutes les condoléances sont bien peu de choses. La douleur et la panique vécues hier dans la capitale madrilène sont certainement indescriptibles.
La découverte d’une fourgonnette volée et de détonateurs ainsi que d’une bande magnétique contenant des versets du Coran dans le voisinage de la station Alcala de Henares, d’où, selon la version officielle, sont partis les trains chargés de bombes et la revendication du massacre au nom des Brigades Abu Aafs al-Masri dans un quotidien londonien édité en arabe "Al-Quds Al-Araabi" font que toutes les hypothèses raisonnables désignent les organisations islamistes comme les auteurs de l’attentat. C’est le constat que faisaient hier les grands médias internationaux. C’est l’un des plus importants massacres qui se soient produit en Europe en dehors d’un temps de guerre et le souvenir du 11 septembre fait spontanément surface.
A sa première apparition devant les médias, le Ministre de l’Intérieur espagnol, Angel Acebes, n’a pas manqué d’attribuer à l’E.T.A la responsabilité du massacre. Mais dès ce moment, la gauche basque a manifesté, non seulement le rejet total du massacre dans les termes les plus énergiques mais n’acceptait pas l’hypothèse qu’il fut l’œuvre de l’organisation armée.
Néanmoins, Angel Acebes a qualifié de "misérables" ceux qui ont soulevé une autre possibilité que la celle de l’E.T.A. et les a accusés d’essayer de faire de la diversion. Les attentats ne ressemblaient nullement à la façon d’opérer habituelle de l’E.T.A. ni à la stratégie qu’elle a employée dans ces derniers communiqués ni dans l’importante entrevue publiée le 22 février dernier. Mais le gouvernement espagnol a refusé d’admettre que les attentats contre les trains étaient l’œuvre d’organisations islamistes, car cela aurait signifié d’assumer que la terrible et injustifiable tragédie était, dans une certaine mesure, le coût d’avoir entraîner l’État espagnol dans une guerre contre l’Irak que la population espagnole a désapprouvé complètement.
Il ne faut pas aussi oublier que ces événements se sont produits à trois jours des élections générales et que ses conséquences pourraient ébranler n’importe quel gouvernement.
A huit heures du soir, alors que se tenaient dans tout l’État espagnol des regroupements de masse, fruits de la douleur provoquée par la tragédie, alors qu’il avait accusé directement l’E.T.A., Acebes rendait compte de la découverte de la fourgonnette et ouvrait sur la possibilité que des groupes islamistes soient les auteurs de l ’attentat, bien qu’il refusait d’écarter l’organisation armée basque malgré les preuves qu’il commençait à présenter allant dans le sens contraire.
La légèreté de gestes et de déclarations faites au sujet du massacre ne doit pas détourner l’attention, de l’importance de la tragédie vécue hier dans la capitale madrilène et de l’appel à la solidarité que nous devons démontrer aux victimes en ce moment.
(Traduction La Gauche)