Le 1er janvier 2004, la République d¹Haïti aura deux siècles.
De nombreux Comités se mettent en place pour célébrer la victoire de ceux qui ont lutté pour en finir avec l’esclavage, malgré les interventions des colonialistes français et des armées napoléoniennes.
Toute une agitation est faite, par certains haïtiens et français, à l’occasion de cet anniversaire. Ils mettent en place conférences, débats et autres manifestations pour honorer ‹ disent-ils ‹ cet événement. Comme si le fait de déposer des gerbes de fleurs devant le "Monument de l’Histoire" pouvaient suffire à tranquilliser leurs consciences et apparaître comme un devoir accompli vis-à-vis des descendants des héros de 1804.
Quelle occasion superbe pour ces intellectuels en mal de leur propre promotion !
Quelle chance d’apparaître comme les détenteurs savants de ces souvenirs historiques, et de briller devant des auditoires épris de fierté et de justice !
Ils savent pourtant, comme vous et nous, que le peuple haïtien n’est toujours pas vraiment sorti complètement de l’esclavage ! Il ne s’est, en fait, jamais libéré du joug de ceux qui continuent, encore de nos jours, à l’exploiter et à le maintenir dans cet état de sous-développement chronique. Les enfants de ces glorieux révoltés, durant deux siècles, ont continué à subir l’asservissement économique, l’exploitation éhontée de leurs forces de travail (notamment dans les batayes de la République Dominicaine), le croupissement dans des bidonvilles insalubres, la domination des grands propriétaires terriens. Les dictatures n’ont pas cessé de se succéder et, l’Exil qui maintient près de deux millions d’entre eux loin de leur patrie, sont des preuves accablantes de cette dramatique condition.
La "politique de la canonnière", le paiement d’une "dette" à la France, l’occupation américaine en 1915, le vol de l’or en 1912, de leur banque nationale par un commando de la US Navy ainsi que l’inféodation de la "gourde nationale" au dollar américain, les exactions de la Shada, les campagnes "anti-superstitieuses" et la chasse au Vaudou, les guignolesques dictatures des Duvalier aux vues et aux sus de l’Occident démocratique avec son acceptation et sa complicité, sont autant de chapitres (et ce n’en sont que quelques-uns), qui mettent en lumière que les esclaves victorieux en 1804 et leurs descendants ont toujours vécu dans cet enfer, qui n’est rien d’autre qu’une forme plus hypocrite, plus subtile, d’un néo-esclavagisme adapté aux époques nouvelles.
Qu’ont fait tous ces écrivains, historiens, intellectuels qui s’activent à monter des Comités pour rendre gloire à Toussaint Louverture et à Dessalines ?
Ont-ils seulement accepté par exemple, de participer à la campagne de notre Association pour juger Duvalier et tous les sbires assassins de notre peuple ? Ils ont ignoré superbement, pour la plupart d’entre eux, toutes ces entreprises, toutes ces actions, qui pourtant sont parvenues à leur connaissance. Ont-ils eu quelque attention pour les patriotes haïtiens de New-York et de Miami, en lutte pour leurs revendications et pour leur dignité ? Se soucient-ils des nombreux immigrés qui se débattent pour survivre à Paris, en Guadeloupe, en Martinique ou en Guyanne ?
Ont-ils, actuellement, le courage de dénoncer un régime qui pourchasse les journalistes, qui pourchasse les démocrates, qui assassine, qui incendie, qui liquide ses opposants ?
Ils n’en ont cure ! Toujours le même mutisme, le même mépris, la même lâcheté.
Ils mendient des subventions au gouvernement français pour installer des stands afin de célébrer ces deux siècles d’une Indépendance tellement bafouée, non seulement par la France, mais par toutes les puissances telle les USA. Ils vont se servir de ces subsides pour organiser des voyages en Europe, au Fort de Joux par exemple, et profiter ainsi d’un beau voyage aux frais de la Princesse et d’un enrichissant séjour à Paris. Ils vont s’en servir pour organiser toutes sortes de manifestations où ils pourront plastronner du haut des tribunes, en compagnie de personnalités bien placées qui conforteront ‹ nous voulons croire, à leur insu ‹ leur propre promotion. Ils trinqueront avec eux, pourquoi pas, au champagne ! À quelle gloire ? Comme il est facile d’oublier le peuple haïtien d’aujourd’hui et de se masturber intellectuellement avec les dates de l’Histoire !
Que d’avantages seraient perdus en se solidarisant avec ceux de l’an 2000 !
Certains de ces Haïtiens, depuis de nombreuses années, sont connus comme des spécialistes de ces colloques internationaux. C’est tellement commode de se renvoyer l’ascenseur sans se mouiller tout en confortant son propre ego.
À nos interrogations, ils indiquent qu’Haïti est un état souverain et qu’en dénonçant l’actuelle misère du peuple haïtien, c’est faire de la politique et qu’en conséquence, le gouvernement français ne pourrait pas accorder d’aide financière à des "opposants" pour ne pas être accusé de s’immiscer dans les affaires du pays.
Adieux donc, vaches, cochons, couvées ! Pas d’argent ? Mais qu’allons nous devenir ? se lamentent-ils. Nos voyages ? Nos hôtels ? Le Grand Paris ? Plus de champagne ? Plus de stands à Port-au-Prince, où nous aurions été contraints, à la rigueur, de serrer la main des représentants de cet "Etat souverain", à deux pas de la Saline, de la Cité Soleil ?
En ce qui nous concerne, signataires de ce texte, nous dénonçons en bloc tous ceux qui, de près ou de loin, sous des prétextes fallacieux d’"Historiens intègres", voudraient se placer au-dessus des luttes actuelles et n’en pas tenir compte. Nous les dénonçons comme des démocrates inconséquents, comme des alliés de ces profiteurs, de ces usurpateurs de la mémoire des glorieux combattants de 1804 et de leurs descendants.
Il nous semble de notre devoir, pour honorer la Révolution haïtienne et son combat pour l’Indépendance, d’affirmer hautement que ces luttes sont loin d’être achevées. Nous sommes solidaires de ceux qui ont mené la guerre de l’Indépendance d’Haïti sans les dissocier de leurs descendants, parce que c’est justement pour l’abolition de l’esclavage qu’ils ont combattu et que ce but n’a pas encore été vraiment atteint.
En cette date anniversaire, c’est l’ensemble du peuple haïtien, que nous voulons honorer. Le peuple haïtien n’a jamais courbé la tête. Il n’a jamais cessé de combattre pour plus de Justice et d’Équité.
Halte à l’hypocrisie ! Halte aux voleurs d’Histoire ! Halte aux violeurs de mémoire !
Gloire au peuple haïtien ! Honneur et respect pour ces deux siècles de luttes incessantes pour la Liberté, l’Egalité et la Fraternité.
17 Août 2002
Gérald BLONCOURT, Président
Jean-Marc NUMA, Président-Adjoint
Alemy ILOFILS, Secrétaire
ADJED Saïda (Technicienne)
ALTERMAN Aline (Poète)
ANNAMARIA
BARRIERE Nicole (Poète)
CASUBOLO Antoine (Journaliste, Producteur)
CHEMLA Yves, (Chercheur, historien, écrivain)
DAMOISON David, (Photographe)
D’AMOURS Stephan (Président International-Hola Software Inc.)
GIUDICE Fausto, écrivain
GUISTI Bernard, (Association culturelle "l’Ours -Blanc")
GIUDICE Fausto, écrivain
DAMOISON David, (Photographe)
MARIUS-HATCHI Fabien, (Historien)
REPITON Isabelle (Journaliste)
SOLER René (Révérend Père)
PS - PS - Nous invitons celles et ceux qui sont d’accord avec notre déclaration à signer ce texte et à le diffuser autour d’eux et à nous faire connaître leurs noms et ceux de leurs amis qui approuveraient notre texte, pour qu’ils soient rajoutés à la liste qui commence seulement à se mettre en place (nous venons à peine de commencer à joindre nos relations). Nous les invitons à s’associer à notre démarche pour former avec nous, un Comité qui agira en toute indépendance et qui honorera, comme il se doit, le bicentenaire de la Révolution de 1804 sans omettre de dénoncer les crimes "néo-esclavagistes" qui se perpétuent depuis deux siècles en Haïti.
Vous pourrez consulter ces jours prochains ici même, les noms de ceux qui viendront grossir nos rangs
Pour nous joindre :
gerald.bloncourt@club-internet.fr
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Conservez cette adresse et faites-la circuler. Elle vous mènera directement à cette page : http://membres.lycos.fr/photosgbloncourt/index-39.html