19/3/2003
Rachel Corrie est une blonde américaine au début de la vingtaine. Dans se veines, nul sang arabe, indien ou tiers-mondiste ne coule. Ses yeux sont aussi bleus que l’océan Atlantique.
Comme toutes les filles de son âge, Rachel rêve d’un fiancé, d’un amoureux, d’une tranquille demeure et de plein d’enfants qui la remplirait de bruit et de turbulence. Mais, elle a reporté ce rêve et est partie dans les camps de refuge, de dignité et de résistance dans le bande de Gaza. Pour vivre le drame arabe et palestinien et partager avec les enfants de l’Intifada leurs rêves de martyr dans les combats d’honneur et de dignité.
Elle aurait pu aller dans les boîtes de nuit pour danser sur les rythmes de Cheb Khaled, Amr Dhiab ou Mustafa Kamar. Mais, elle a préféré danser une danse héroïque devant un bulldozer israélien qui s’attaquait à une maison dans la résistante ville de Rafah.
La mort en martyre de cette citoyenne américaine est passée sans grand bruit. Il n’a pas fait bouger un poil au président américain George Bush ni même à son ministre de la Défense Donald Rumsfeld. Tant que le meurtrier est Sharon, l’identité de la victime n’est pas importante, même si elle est américaine. L’administration américaine n’a pas ouvert une enquête sur ce meurtre. Elle n’a pas non plus envoyé une équipe du FBI pour rassembler les preuves. Le procureur général américain n’a pas demandé à ce que le criminel et terroriste soldat israélien, qui a commis ce meurtre odieux contre une citoyenne américaine, soir déféré devant la justice américaine.
Le président Bush n’a pas dit qu’il allait venger ce crime. Et n’a pas mis l’armée israélienne sur la liste de terrorisme. Il n’a pas renvoyé l’ambassadeur israélien de Washington. Peut être qu’il ne sait même pas encore qu’un tel crime a été commis. Il n’est pas impossible que la bande pro-israélienne, qui contrôle les décisions américaines, comme Richard Perle, Ebermarz et Fish ait informé le président Bush que le tueur de cette jeune fille est un terroriste palestinien.
Nous écrivons avec colère car nous nous rappelons très bien comment l’administration américaine a déjà mis le Front de Libération de la Palestine et son leader Abou Al Abbas, sur sa liste terroriste car un de ses membres a tué un handicapé américain durant le détournement du bateau Akili Lourou. Comme nous nous souvenons de la manière avec laquelle les juifs américains ont transformé cette histoire en une légende cinématographique qui accuse les palestiniens et les arabes en les présentant comme des terroristes au cœur dur, assoiffés de sang.
Nous écrivons avec amertume car nous vivons encore le drame du professeur Sami Al Aryan, qui vit actuellement derrière les barreaux, lui l’académicien palestinien modéré, avec l’accusation d’appartenir à l’organisation terroriste du Jihad, responsable de la mort d’américains lors de l’opération martyre de l’université Hébraïque de Tel Aviv.
Ceci est la justice américaine dans la pire de ses représentations. C’est une justice qui est ennemie de tout ce qui est arabe et musulman. Et qui est amie de tout ce qui israélien et sioniste.
La martyre Rachel n’était pas une combattante mais une militante pour la paix. Elle a vu de ses yeux l’injustice israélienne. Elle a vu comment les maisons étaient détruites sur les têtes de leurs habitants. Elle a pleuré l’autre martyre enceinte qui commençait son accouchement alors qu’un bulldozer entamait la destruction de sa maison. Elle est morte ainsi que son f’tus, dans le camp d’Al Boureij au sud de Gaza.
Le président Bush promet aux Palestiniens de publier la feuille de route dès la désignation d’un premier ministre ayant des prérogatives complètes qui lui permettrait d’abonner le droit au retour, la moitié d’Al Quds et quatre vingt pour cent de la Palestine historique.
Une feuille de route en contrepartie de la destruction de l’Irak, du meurtre de centaines de milliers d’irakiens, de la désignation de Shimon Pérès comme secrétaire général de la Ligue Arabe et du dépôt des revenus du pétrole irakien dans un compte spécial géré par une administration financière israélienne à visage américain.
La mort en martyre de Rachel Corrie avec le " couteau " du bulldozer israélien n’ouvrira pas les yeux du président Bush et de son administration sur ce que vivent les Palestiniens des mains de leur plus sûr allié Sharon et ses forces criminelles. Il ne fera pas non plus bouger l’opinion publique américaine qui finance ce terrorisme israélien.
Rachel a été tuée avec l’argent du contribuable américain. Elle est rentrée dans l’Histoire du peuple Palestinien comme étant la première victime américaine morte en défendant le droit et pour lever l’injustice. Elle est devenue martyre pendant que les forces (armées) de son pays s’apprêtent à envoyer trois milles missiles sur Bagdad pour tuer des milliers de ses enfants !
Rachel restera comme un symbole fleurissant du visage américain que nous aimons tandis que Bush restera comme le symbole du visage laid icône de l’injustice, de l’arrogance et de l’agression. Il pousse la terre entière à le haïr.
Elle est le visage de la bonté dans ses plus belles manifestations alors qu’il est le visage du mal dans ses pires représentations. Nous la saluons. Bonjour à toi dans les plus hautes listes d’honneur et de dignité dont est fier tout arabe qu’il soit chrétien ou musulman.
Cet éditorial a été publié dans le journal Al Quds Al Arabi du 19 mars.
Traduit par : Taïeb Moalla
Coalition Québec/Palestine
tmoalla@yahoo.com