A Buenos Aires une effervescence incomparable se fait sentir. Voici quelques informations.
Le jeudi 19 décembre, a Buenos Aires, s’organise un piquet de grève urbain qui a pour but de créer une zone libre du capitalisme dans le centre financier de la ville ainsi que de bloquer les activités des groupes financiers Microsoft, IBM, Telecom, Merryl Lynch, Bank Boston, et Standards & Poor.
En même temps de toutes les provinces, des colonnes de participants d’une pluralité de mouvements de chômeurs convergent vers Buenos Aires afin de s’y regrouper vendredi 20 décembre dans une grande action de rejet du gouvernement ainsi qu’un appel a la solidification du mouvement populaire et a l’émergence d’un gouvernement des travailleurs.
Appel à tous les groupes, collectifs politiques et mouvements sociaux du monde 19, 20 et 21 décembre 2002
Journées d’action et de désobéissance sociale mondiale en solidarité avec la révolte populaire en Argentine et en hommage à la création d’alternatives à la dictature des marchés
Alors que l’Argentine sombre dans une crise financière sans précédent, une révolte populaire inspirante s’est étendue à tout le pays. Un mouvement continu a surgi, transformant le pays en un laboratoire vivant de lutte, un espace où les politiques du futur sont réinventées. La révolte explosa le 20 décembre 2001, lorsque plus d’un million de personnes pris les rues en faisant résonner ses casseroles et renversa le gouvernement. Cette année, les 20 et 21 décembre, des personnes, en Argentine et sur toute la planète, appellent à des Journées d’Action mondiale, pour démontrer que ceux qui construisent des alternatives à la dictature des marchés ne sont pas seuls.
Du mouvement des "piqueteros", chômeurs qui bloquent les routes et construisent des projets communautaires dans leurs quartiers, aux assemblées de quartiers horizontales qui se sont constituées spontanément dans les villes. Des "ahorristas", épargnants furieux qui attaquent quotidiennement les banques en réclamant leur argent, au "Trueque", réseau de troc que plus de sept millions de personnes utilisent en lieu et place de l’argent. Des ouvriers qui pratiquent aujourd’hui l’autogestion dans les nombreuses usines occupées, aux étudiants du secondaire qui occupent leurs écoles en revendiquant une réduction sur les transports en commun. Dans un esprit d’autonomie, la célébration de la diversité et la pratique de la démocratie directe deviennent visibles en Argentine.
Toutes les classes sociales sont unies par le slogan "Que se vayan todos","Qu’ils s’en aillent tous", qui signifie que la classe politique dans son ensemble doit quitter la scène, chaque homme politique de chaque ! parti, la cour suprême, le fonds monétaire international, les entreprises multinationales, les banques,... tous doivent s’en aller pour que les personnes puissent décider pour elles-mêmes le destin de leur économie en déroute.
Affrontant une pauvreté croissante et l’effondrement économique total, le peuple argentin a trouvé assez d’espoir pour continuer à résister et a généré la créativité nécessaire pour commencer à construire des alternatives pratiques à l’horreur du capitalisme.
De l’Angola au Népal, de la Bolivie à la Turquie, les mêmes brèches apparaissent dans la "logique" néolibérale et les personnes résistent alors que les économies volent en éclats, minées de surcroît par la dette extérieure. Une douzaine de pays sont potentiellement en passe de devenir "la prochaine Argentine", certains d’entre eux beaucoup plus proches de nous que nous ne l’imaginons.
Nous devons être prêts à résister mais aussi à trouver des manières de reconstruire nos sociétés après que la crise économique et écologique ait frappé. Si la révolte argentine triomphe, cela montrerait au monde que les gens peuvent non seulement survivre à une crise économique sévère mais aussi en sortir beaucoup plus forts et heureux de lutter pour de nouvelles formes de vie.
(…)
Les objectifs de la Journée d’Action mondiale sont de :
1. Montrer que le mouvement des mouvements contre le capitalisme peut dépasser la seule insurrection et marcher vers une vraie révolution sociale. Une révolution sociale faite de mille révolutions, dans lesquelles les personnes protestent contre ce qu’elles ne veulent pas mais aussi construisent la vie qu’elles désirent et se préparent à la défendre. Et l’Argentine en est un exemple.
2. Construire un réseau puissant de solidarité avec l’Argentine. Les mouvements argentins courent le risque de s’isoler ; sans la sécurité et l’inspiration mutuelle de la solidarité internationale, ils subiront certainement plus de répression. Bien que nombre de personnes du mouvement des mouvements aient déclaré de par le monde "Merci pour l’Argentine !", bien que cela ait renforcé notre espoir dans les jours obscurs qui ont suivi le 11 septembre 2001, la majorité des gens dans les rues de l’Argentine n’a pas la moindre idée de l’optimisme qu’elle a propagé. En voyant les mouvements sociaux du monde agir de concert en solidarité avec sa lutte, le peuple argentin renforcera sans aucun doute son engagement pour continuer le combat.
3. Apprendre des succès de l’Argentine et appliquer ces recettes dans la construction de nos propres espaces autonomes, assemblées de quartiers, systèmes économiques alternatifs, lieux de travail autogérés, etc.
4. Transmettre aux mouvements sociaux du monde entier, les histoires et l’information relatives aux mouvements argentins.
Contexte
Le cri de "que se vayan todos" ("qu’ils s’en aillent tous"), cette année, s’est accompli au cours de ces douze mois, sous des formes diverses, s’attaquant au coeur de tous les problèmes dont souffre le pays. C’est ainsi qu’assamblées populaires, piqueteros, fabriques récuperées sont devenues des mots faisant partie de la vie quotidienne de milliers de personnes. Sans aucun doute, ce fut une année intense, qui restera dans l’histoire et que tout le mouvement devra débattre pour continuer d’avancer.
Et comme toute bonne année, se préparent pour la fin d’année des dizaines de mobilisations et actions. Pour le 19 décembre, se prépare un "piquete urbano" (un piquet urbain, sorte de bloquage des accès au centre financier de Buenos Aires) dans le coeur de la cité de Buenos Aires, et dans des dizaines de quartiers, se réalisent des actions decentralisées qui pourraient confluer vers une grande mobilisation.
Pour le 20 décembre, une mobilisation, qui part le 15 décembre de tout le pays, culmira a la Plaza de Mayo, au même moment que se réaliseront des mobilisations dans tout le pays(voir pour plus d’infos sur l’ensemble des mobilisations prévues pour ces jours la sur www.argentina.indymedia.org).
Se préparent également des actions de solidarité au peuple argentin dans une dizaine de pays, dans le cadre d’un véritable journée d’action internationale. En écrivant ces lignes, des dizaines d’actions sont encore en train de s’organiser. Pour suivre jour après jour les différentes mobilisations proposées, vous pouvez consulter www.argentina.indymedia.org