– Lors de la campagne électorale de 1994, la position défendue par le PT concernant la dette était de ne pas la payer. La nouvelle orientation parle de la négocier...
Raúl Pont - Lors de la douzième rencontre nationale du PT, qui s’est tenue à Recife en décembre 2001, la résolution qui a été approuvée confirme le programme du parti. [...] La nouvelle position s’est imposée au sein du PT car la majeure partie de la dette est aujourd’hui privée et non plus publique. [...] Si en 1994 la défense du nonpaiement de la dette avait un caractère très simpliste et générique, aujourd’hui les définitions sont plus précises.
[...] Quand on disait "ne pas payer la dette ", c’était dans le sens d’un moratoire ou pour alerter le pays afin que l’on ne consacre pas tant d’argent au service de la dette. Défendre le nonpaiement, c’était simplifier un mot d’ordre qui indiquait que les ressources publiques devaient être consacrées à d’autres fins. La rencontre de Recife est arrivée à la conclusion que nous courrions le risque d’utiliser une formule très agitatoire et sans contenu. C’est pour cela que le parti a décidé d’adopter comme propositions la réalisation d’un audit et la renégociation, pour diminuer l’impact que causait la doctrine du non-paiement.
– Approuvez-vous l’alliance avec le Parti libéral et le rapprochement avec les dissidents du PMDB(1) ?
R. Pont - A aucun moment, dans aucune instance, il n’a été décidé lors de la rencontre de Recife que les alliances devaient être nouées avec le PL ou le PMDB. De plus, je doute que l’alliance soit approuvée [...]. Je fais partie des mécontents. Pour moi, tenter de nouer des alliances avec le Parti libéral et le PMDB est une perte de temps. Il serait plus utile que Lula s’entretienne avec les maires sur la manière dont sera conçue la nouvelle relation entre municipalités et pouvoir fédéral, car ceux-ci ne gardent à l’heure actuelle qu’une infime portion de l’impôt. Nous devons changer cela. Si les Etats(2) ont aujourd’hui des problèmes sérieux avec la fédération, je crois que nous devons dire que nous allons changer tout cela. Nous devons dire à la population comment nous pensons bâtir le budget public, c’est cela le plus important. Nous avons proposé des amendements à Recife, mais rien ne se retrouve dans la campagne de Lula.
– Pensez-vous que le comportement de Lula trouble les militants du PT, particulièrement ici dans la Río Grande do Sul, où le parti a un profil différent ?
R. Pont - Pas seulement ici. Des pétitions circulent, des directions municipales et d’Etat du PT protestent. Ici nous avons adopté un document qui s’oppose à quelque alliance que ce soit avec le PL et le PMDB. Nous avons envoyé cette résolution à la direction nationale [...]. Dans tout le pays un grand nombre d’adhérents et de militants veulent voir la campagne avec un autre visage.
– Si l’alliance avec le PL est confirmée, croyez-vous que cela puisse nuire au PT ?
R. Pont - Cela peut avoir des conséquences néfastes. Nous l’avons vu lors de la campagne pour la réélection de Luíza Erundina à São Paulo. Beaucoup de militants du PT n’ont pas été enthousiasmés par la façon dont a été menée la campagne. Dans notre cas, si les militants ne s’impliquent pas, il est difficile de faire campagne.
Propos recueillis par le journal Zero Hora
(1.) Le Parti du mouvement démocratique du Brésil représente un secteur de la droite brésilienne.
(2.) Le Brésil est une république fédérale composée de vingt-trois Etats, trois territoires et un district fédéral.