Ce texte est un extrait du Manifeste de Die Linke (Allemagne). Il s’agit du chapitre consacré à l’écologie.
Die Linke * Version français mise en ligne sur le site du Parti de gauche (PG). Trad. De Grazia.
18 septembre 2009
2.3. Pour une Restructuration Ecologique de la Société.
« Nous traitons le monde comme si nous en avions un de rechange dans le coffre. » Jane Fonda
La quête pour la justice sociale et une restructuration radicale de notre façon de vivre et de notre comportement économique sont les deux faces d’une même médaille. Ainsi, une politique ambitieuse de protection climatique est importante non seulement pour la préservation de notre environnement naturel mais elle est en même temps une contribution à la lutte pour les droits sociaux globaux, car le processus de changement climatique en cours rend plus difficile encore la lutte quotidienne de millions d’êtres humains pour leur survie. La mise en œuvre d’une politique environnementale ne doit pas cependant entraîner une fracture additionnelle de la société entre « pauvres et riches. » Energie et mobilité abordables doivent être assurées, même pour les populations à faible revenu.
En finir avec l’âge des énergies fossiles et nucléaires
Une transition énergétique cohérente vers les énergies renouvelables représente un investissement clé pour assurer un 21e siècle écologique et pacifique. Dans la lutte contre le changement climatique, les émissions de gaz à effet de serre en Allemagne doivent être réduits de moitié d’ici l’an 2020 par rapport à leur niveau de 1990 et d’ici le milieu du siècle, ils devront être réduits d’au moins 90%. Quiconque mise sur les énergies renouvelables, et qui partage les connaissances pour un approvisionnement en énergie durable avec les pays émergents et en voie de développement, ne s’engagera pas dans le futur dans des guerres de ressources pour le pétrole et le gaz. Comme but d’étape pour 2020 DIE LINKE exige que dans le secteur de l’approvisionnement en électricité, la part fournie par les énergies renouvelables soient au moins égale à la moitié, et d’au moins un quart dans les secteurs du chauffage et du froid. Un approvisionnement d’énergie décentralisé aux mains du secteur public revêt une importance particulière.
Une tâche cruciale pour l’avenir sera de s’adapter au changement climatique déjà amorcé. Toutes les mesures d’aménagement du territoire, de développement urbain et des transports, de la protection du littoral et des paysages devront tenir compte à la fois des impératifs, de la protection du climat et de l’adaptation au changement climatique.
La transition énergétique ne peut réussir que si l’efficacité énergétique est augmentée de manière significative en même temps que sont réalisées des économies énergétiques à grande échelle. Il nous faut une révolution de l’efficacité écologico-technique, enracinée dans des modes de vie alternatifs. À moyen terme, les besoins énergiques totaux de l’Allemagne devront être couverts à partir de sources renouvelables.
Des études scientifiques démontrent qu’une alimentation énergétique à partir d’énergies renouvelables et sans l’usage du nucléaire, et un abandon dans le moyen terme de la production d’électricité à l’aide du charbon sont possibles. Nous voulons les promouvoir d’une manière cohérente. En conséquence, nous rejetons la planification et la construction de nouvelles centrales électriques thermiques (au charbon...) - de même que la pseudo-solution avancée par les compagnies énergétiques du stockage de dioxyde de carbone dans le sous-sol. Les transformations indispensables dans les régions jusqu’ici essentiellement minières devront être articulées autour d’un équilibre écologique et social.
Le marché des émissions de l’UE en tant qu’instrument central de l’UE pour la protection du climat s’est avéré jusqu’à présent un échec. Il a représenté des aubaines annuelles de milliards d’euros pour les compagnies productrices d’électricité et n’a pas contribué à la protection du climat. A l’avenir, les centrales et les compagnies productrices devront être astreintes à des normes plus rigoureuses en ce qui concerne l’émission de gaz à effet de serre.
Le consensus des socialistes et des verts sur le nucléaire de 2000 est une absurdité, car les échéances de déphasement qu’il garantit servent d’abord et avant tout les intérêts financiers de l’industrie nucléaire. L’exploitation d’installations nucléaires comporte cependant des risques irresponsablement élevés ; le dépôt permanent et sécurisé des déchets nucléaires sur un million d’années et plus ne peut pas être assuré. La débâcle des décharges nucléaires d’Asse et de Morsleben démontre que la pratique jusqu’ici, dans ce domaine, est synonyme de négligence. DIE LINKE appelle donc à la cessation immédiate et irréversible de l’activité de toutes les centrales nucléaires et l’interdiction de l’exportation des technologies nucléaires. Les transports de déchets nucléaires doivent être suspendus jusqu’à ce qu’une solution sécurisée de leur stockage soit disponible.
Nous voulons mettre les entreprises de production d’énergie entre les mains du service public et les soumettre au contrôle démocratique. Le cartel de l’énergie doit être séparé, la fourniture d’énergie largement recommunalisée, les monopoles énergétiques doivent être progressivement dissous.
Changement de cap écologique dans l’économie, les transports et dans l’agriculture
Ce n’est pas seulement l’âge du pétrole qui prend fin pour de bon. Les autres matières premières se raréfient également. Les flux de matières premières que nous faisons circuler à travers notre société industrielle, devront être réduits par un facteur de 10 dans les décennies à venir. La croissance économique capitaliste devra faire place à des stratégies d’existence durables et à des économies socio-écologiques.
Les transports constituent le seul secteur en Allemagne qui soit à l’origine de dommages climatiques en pleine croissance. DIE LINKE lutte donc pour un virage écologique dans le domaine des transports. Les transports publics doivent être considérablement développés, rendus accessibles à tous et leur prix considérablement réduits. La mobilité comme condition préalable à la participation des personnes dans la société ne doit pas dépendre du portefeuille. Dans le long terme, nous visons un transport de proximité gratuit.
Le réseau ferroviaire et les transports de proximité doivent être à nouveau étendus. Nous rejetons la privatisation du chemin de fer et des entreprises de transports locales. A l’aide d’une planification active, structurelle et régionale des transports, une stratégie des transports courts peut être établie. Le trafic piéton et à vélo doit être encouragé de manière significative. Le fret doit être transférée de la route au rail et aux voies de navigation existantes.
Le trafic aérien est le plus polluant de tous les moyens de transport - et, simultanément, le plus subventionné. Le kérosène et le diesel maritime /les huiles lourdes devront enfin être imposés, et il faudra supprimer l’exemption de TVA pour le trafic aérien international.
La consommation en carburant et en énergie de tous les modes de transport devra être considérablement réduite. Le carburant d’origine agricole ne représente pas une alternative à un changement fondamental dans la politique des transports. L’augmentation des surfaces monocultivées pour la production du carburant d’origine agricole exacerbe le problème de la faim dans le monde et l’accélération de la déforestation des forêts tropicales. L’utilisation de déchets organiques et de plantes énergétiques pour la fourniture de la chaleur et l’énergie, est beaucoup plus efficace que l’utilisation des combustibles.
DIE LINKE exige :
■ une transformation complète de l’économie énergétique : faire avancer l’utilisation des sources d’énergie renouvelables jusqu’à une couverture complète de manière cohérente et rapide ; étoffer la loi sur les énergies renouvelables avec une efficacité accrue ; promouvoir la production de chaleur à partir des énergies renouvelables et la production combinée d’électricité-chaleur ; créer un fond d’épargne d’énergie focalisé sur un programme d’aide aux ménages à faible revenu ; l’instauration de normes réglementaires plus strictes concernant la consommation d’énergie d’appareils de bureau et d’appareils ménagers, entre autres, l’interdiction des mises sous tension continues, dites « Stand-by, » si leur consommation est supérieure à 1 watt ; un programme de « cracks » (« Top Runner ») pour les appareillages électriques, désignant tous les trois ans l’appareil le plus performant dans l’épargne d’énergie et des ressources et appliquant ses performances comme un standard minimum légal ; la réhabilitation énergétique des bâtiments existants et la neutralité climatique des bâtiments neufs ; des normes légales fédérales pour un zonage écologique ; la fermeture des terminaux de stockage des déchets de Gorleben et du Schacht Konrad ; la recherche de nouveaux lieux de stockage, assurant transparence et contrôle judiciaire, aux frais de l’industrie nucléaire ; le retrait immédiat et irréversible de l’industrie nucléaire ; la corporatisation des réseaux d’électricité et de gaz ; la re-communalisation (municipalisation ?) des éléments centraux de l’approvisionnement d’énergie ; l’introduction de tarifs sociaux, garantissant l’approvisionnement d’électricité et de chauffage pour tous ; l’imposition des profits supplémentaires des producteurs d’énergie issus de la bourse des émissions ; la réintroduction du contrôle des prix de l’électricité et du gaz par les Länder et la création de conseils consultatifs de consommateurs pour la surveillance des prix ; la vente aux enchères des quotas d’émission au lieu de leur distribution gratuite ; l’utilisation du produit des enchères pour la préservation du climat et pour l’amortissement des coûts du changement de régime énergétique ; l’établissement de normes d’émission progressivement plus sévères pour le CO2 pour l’industrie et les transports individuels ; l’impasse sur l’importation d’agroénergies en provenance des pays non-membres de l’UE et la concentration sur la production combinée d’électricité et de chaleur pour l’utilisation de la biomasse.
■ la reconstruction écologique de l’économie : la réalisation de procédés de production et de produits renouvelables ; la promotion prioritaire des cycles économiques régionaux ; la suppression des subventions et des avantages fiscaux qui nuisent à l’environnement ; la promotion de l’économie et de la recherche selon des directives d’intérêt social et écologique ; des critères stricts pour l’approbation et l’enregistrement des substances chimiques ; le refus de l’incinération des déchets en général, priorité étant donnée aux méthodes alternatives, telles les traitements mécaniques-biologiques ; la mise à niveau immédiate des incinérateurs existants aux normes maximales autorisées par l’état de la technique et des sciences ; l’interdiction de l’exportation des déchets au-delà des frontières.
■ une mobilité écologiquement saine et accessible à tous : développement massif des transports publics ; l’accroissement permanent du financement des investissements pour le rail à au moins 2,5 milliards d’euros par an, rehaussement des moyens de régionalisation ; assurer le trafic des personnes par rail par l’extension du réseau longue-distance ; la réduction du taux de la TVA pour le trafic de personnes par rail à 7% ; l’introduction à l’échelle nationale de billets de transport « sociaux, » et d’une carte-rail sociale pour les ménages à faibles revenus ; le transport des bicyclettes à bord des trains ICE ; une vitesse limite maximale de 120 kilomètres à l’heure sur les autoroutes ; la révocation des lois de vitesse contraires à l’intérêt public dans la planification des voies de trafic ; la réforme de la planification des voies de trafic fédérales ; pas de nouveaux projets d’autoroutes, pas de privatisations du réseau routier et de son entretien ; le développement des structures de sécurité du trafic ; l’amélioration des horaires de conduite et de repos pour les conducteurs de poids-lourds ; l’interdiction de l’introduction des super poids-lourds (Gigaliner) ; la prolongation des incitations fiscales ; expirant à la fin de l’année 2009, pour l’installation des filtres à particules dans les voitures privées ; l’arrêt des subventions aux aéroports ; l’introduction d’une taxe sur le kérosène et un prélèvement sur les billets d’avion ; l’interdiction des vols de nuit ; l’amélioration de la protection contre le bruit et la réduction de l’exposition aux particules ;
■ Préserver la nature et l’utiliser de manière renouvelable ; étendre et mettre en réseau les aires protégées ; agir pour assurer l’application d’un droit international contraignant pour la protection contre une exploitation accrue des grands espaces de la planète demeurés à l’état naturel (l’Arctique, l’Antarctique, les océans, la forêts tropicale, la forêt boréale etc.) ; arrêter la privatisation des zones naturelles protégées (en faisant une exception pour les groupes environnementaux et de conservation) ; réduire de façon drastique la consommation des surfaces - sceller des terrains ; augmenter les espaces paysagers ininterrompus à trafic réduit ; l’extension des surfaces retenant les crues ; développer la protection de la lande, avec droits étendus d’information et de porter plainte pour les citoyennes et des citoyens, ainsi que pour les association de protection de la nature et de l’environnement ; l’interdiction générale des expériences sur les animaux, qui ne pourront être menées que dans les cas exceptionnels - des méthodes alternatives devront être recherchées plus énergiquement ; renforcer l’éducation environnementale par la mise en œuvre à court terme des objectifs de la Décennie des Nations Unies, « éducation au développement durable » dans tous les domaines éducatifs, entre autres, par le financement de programmes et de projets.
Die Linke
* Version français mise en ligne sur le site du Parti de gauche (PG). Trad. De Grazia.