Accueil > International > Vote sanction : Le PS rafle la mise

France

Vote sanction : Le PS rafle la mise

François Duval

dimanche 28 mars 2004

Avec 40 % des voix, la gauche, et principalement le Parti socialiste, est incontestablement la grande bénéficiaire du vote sanction contre la droite et le gouvernement Raffarin.

L’écart creusé dimanche 21 mars entre la droite et la gauche laisse entrevoir la possibilité qu’une majorité de régions soient demain gérées par le PS. Surtout, ces résultats permettent au PS de prétendre effacer le traumatisme du 21 avril 2002 et de constituer à nouveau une force d’alternance crédible pour les élections présidentielle et législatives de 2007. Parmi les succès du PS, le cas de la région Poitou-Charente, ancien fief de Raffarin lui-même, a déjà fait couler beaucoup d’encre, Ségolène Royal augmentant de plus de 10 % le score socialiste. Il en va de même pour la région Paca. Au-delà de ces exemples symboliques, la Bretagne, la Bourgogne, la Franche-Comté et la Picardie semblent également "gagnables".

Le principal ressort de ce retour du PS au premier plan est bien évidemment le fort mécontentement suscité par le gouvernement. Ce dernier a multiplié les agressions contre le monde du travail : contre-réforme de destruction du système de retraites, poursuite du démantèlement des services publics, suppression des allocations pour plus de 200 000 chômeurs alors que se multiplient les plans de licenciements et que le chômage repart à la hausse, attaque contre le régime des intermittents du spectacle, arrogance vis-à-vis des revendications des chercheurs, baisse des impôts et des charges pour les patrons et les contribuables les plus fortunés, etc. Les cadeaux clientélistes aux buralistes et aux restaurateurs n’ont fait qu’accroître l’exaspération du peuple de gauche. D’autant que se profilent les futures attaques contre la Sécurité sociale et le droit du travail.

Dans ces circonstances, de nombreux électeurs qui avaient fait défaut au candidat Jospin en 2002 ont utilisé le vote PS pour manifester leur opposition au gouvernement et tenter de marquer un coup d’arrêt à l’offensive libérale. C’est une démarche analogue qui a également conduit des secteurs significatifs de l’opinion à porter leurs voix sur les listes du PCF ou des Verts, lorsque ceux-ci se présentaient de manière autonome. De même que la victoire de la gauche plurielle en 1997 ne pouvait se comprendre qu’en rapport avec les mouvements de l’hiver 1995, les frustrations nées de la défaite du mouvement gréviste de mai et juin 2003 sur les retraites et la défense de l’école se sont investies dans le vote de dimanche dernier.

S’agit-il pour autant d’un vote d’adhésion vis-à-vis des projets du PS ? L’affirmer serait sans doute aller un peu vite en besogne. D’ailleurs, même les dirigeants socialistes semblent fort prudents sur le sujet, multipliant les déclarations sur le chemin qu’il leur reste à parcourir. A l’évidence, les propositions défendues par les candidats socialistes se situent dans la continuité de la politique menée par le gouvernement de la gauche plurielle entre 1997 et 2002. Une politique qui a précisément conduit à la déroute du 21 avril...

François Duval
Rouge 2057 - 25/03/2004