Nous reproduisons ici le projet de résolution « Rôle et Tâches de la IVe Internationale », adopté (82,86 % pour, 8,57% contre, 8,57 % abstention) par son Comité International lors de sa session de février 2009 pour ouvrir le débat de préparation du 16e Congrès Mondial, convoqué pour le début de l’année 2010.
Voir les trois Amendements minoritaires
« Nous ne payerons pas pour votre crise ! », « Viens, protestes avant qu’il ne soit trop tard, Dis non avant qu’ils ne te prennent tout ». Affiche d’appel à manifester le 26 mars 2009 du syndicat libre polonais « Sierpien 80 » (« Août 80 »)
1. Nous connaissons une situation marquée par une combinaison sans précédent historique d’une crise économique globale et d’une crise écologique planétaire. C’est un tournant majeur. Cette double crise démontre la faillite du système capitaliste et met à l’ordre du jour la réorganisation et la reconstruction d’un mouvement ouvrier anticapitaliste. Elle va tendre tous les rapports sociaux et accroître toutes les contradictions du système. Les attaques sociales et économiques et les contre-réformes libérales vont redoubler contre les classes populaires. Les conflits et les guerres risquent de se multiplier. Les catastrophes écologiques frapperont des millions d’êtres humains. C’est une nouvelle période historique qui s’annonce. De nouveaux rapports de forces entre puissances impérialistes émergent dans l’économie et la politique mondiales, avec l’émergence de nouvelles puissances capitalistes comme la Chine, la Russie, l’Inde, le Brésil. La conjugaison de l’affaiblissement de l’hégémonie américaine et de l’aggravation de la concurrence intercapitaliste entre l’Europe, la Russie, l’Asie et les États-Unis a aussi des prolongements géostratégiques dans de nouvelles configurations politiques et militaires, avec un rôle accru de l’OTAN et de nouvelles tensions internationales. L’impérialisme américain a compensé ces dernières années son affaiblissement économique par un redéploiement de son hégémonie militaire aux quatre coins du monde. Les contradictions sociales et économiques ont amené aux États-Unis même au discrédit de l’équipe républicaine autour de G.W. Bush. C’est à ce discrédit qu’a répondu l’élection de B. Obama comme solution alternative pour l’impérialisme états-unien, même si son élection a exprimé, pour une partie de la société américaine, une aspiration réelle de changement qui sera déçue.
En somme, la crise met en évidence la faillite de l’idéologie néolibérale incapable d’offrir une solution. Toutes les contradictions inhérentes à ce système social vont éclater sans que la social-démocratie et le centre-gauche soient capables d’offrir une réponse adéquate. Même les recettes néokeynésiennes, qui n’ont pas été adoptées, ne suffiraient pas à résoudre la crise.
2. Les résistances sociales continuent à monter à l’échelle planétaire mais d’une façon très inégale et en restant défensives. Le mouvement altermondialiste a perdu l’élan qui était le sien jusqu’en 2004. Le succès du Forum de Belém de 2009 montre, néanmoins, le besoin et la possibilité de convergences internationales, mais dans un cadre où les luttes sont plus fragmentées et dispersées.
— Dans certains pays d’Europe — France, Grèce, Allemagne, Pologne, Italie — les luttes sociales ont pesé centralement sur la scène politique, mais ces luttes ne sont pas suffisantes pour bloquer ou inverser les tendances lourdes de l’offensive capitaliste et les effets de la crise. Elles n’arrivent pas à surmonter les processus de division, de fragmentation du salariat. Ces luttes restent défensives. Elles ne trouvent pas, encore, leur traduction, en termes de conscience anticapitaliste. Dans ce cadre, en l’absence d’une présence forte de la gauche anticapitaliste, les alternatives et tendances réactionnaires, même xénophobes et racistes, peuvent se renforcer.
► Au Moyen-Orient, la résistance des peuples aux occupations et aux agressions occidentales et israéliennes se maintient, en Palestine, en Irak et au Liban. L’agression meurtrière menée par le gouvernement sioniste à Gaza en janvier 2009, deux ans après celle du Liban, n’a pas pu davantage venir à bout de la résistance. Même si le Hamas et le Hezbollah sont aujourd’hui les principales références politiques dans cette résistance, il existe des secteurs situant leur action dans le cadre d’une libération sociale autant que nationale.
► L’Amérique latine reste le continent à plus forte explosivité sociale, même si c’est avec des inégalités et des limites dans des pays comme l’Argentine et le Brésil. C’est là où se sont manifestées des expériences de rupture partielle avec l’impérialisme, notamment au Venezuela, en Bolivie, Équateur et Paraguay.
► Dans une série de pays capitalistes émergeants ou résultant de la restauration capitaliste — Chine, Inde, Russie — le tourbillon de la globalisation tend à prolétariser des centaines de millions d’êtres humains. Mais cette nouvelle puissance sociale qui peut jouer un rôle-clé dans les années qui viennent ne s’est pas encore dotée d’organisations syndicales, associatives, politiques indépendantes de masse à la hauteur des enjeux de cette réorganisation mondiale.
► Le pillage des ressources en Afrique au profit des grandes entreprises capitalistes s’accentue avec la complicité des pouvoirs en place. La progression continue du Produit intérieur brut réel des dernières années en Afrique subsaharienne ne profite pas à la population, seules les inégalités sociales augmentent. Face à la dégradation des conditions de vie, des grandes luttes se sont déroulées, telles les grèves générales en Guinée, les manifestions au Togo, la grève générale de la fonction publique en Afrique du sud. La crise alimentaire de la fin 2008 a provoqué de nombreuses mobilisations. Cependant, l’absence d’alternative politique handicape lourdement le succès de ces luttes comme en Guinée ou au Cameroun : soit elles sont dévoyées vers des formations bourgeoises populistes comme à Madagascar ; soit elles se fourvoient dans des impasses religieuses comme au Nigeria ou au Congo (RDC), ou pire, ethnicistes et racistes comme au Kenya ou en Afrique du sud.
La construction d’organisations ouvrières et populaires démocratiques demeure une nécessité absolue pour le succès des luttes
► Les conséquences conjuguées, à long terme, de la désintégration du bloc soviétique et la mondialisation financière continuent à se faire sentir en Asie : foyers de guerres chaudes (Afghanistan, Sri Lanka, l’île de Mindanao aux Philippines…), zones de confrontation internationales (Corée, Pakistan, Inde…), remise en cause des équilibres géopolitiques antérieurs (Asie du sud-est, Chine, Japon…), réduction des espaces démocratiques conquis précédemment (Thaïlande, Philippines, Indonésie…).
Ces déséquilibres sont aujourd’hui avivés par la crise financière, économique et alimentaire, ce qui pousse à de plus grandes coordinations régionales et à une plus grande convergence des mouvements de résistance sociale existants sur divers terrains : anti-guerre et antinucléaire, contre la dette et pour la souveraineté alimentaire, en défense des droits sociaux et écologiques…
3. La dynamique de la globalisation capitaliste et de la crise actuelle change le cadre d’évolution et de développement de la gauche traditionnelle. Les marges de manœuvres des bureaucraties réformistes sont considérablement réduites. Du réformisme sans réformes au réformisme avec contre-réformes, la social-démocratie ou des forces équivalentes dans une série de pays dominés ou en voie de développement, connaissent une évolution vers le social-libéralisme, c’est-à-dire que ces forces endossent directement les politiques néolibérales et néoconservatrices. Toutes les forces, qui peu ou prou sont liées politiquement ou institutionnellement au social-libéralisme ou au centre-gauche sont entraînées dans ces changements qualitatifs du mouvement ouvrier et sont incapables de formuler un projet de sortie de la crise. En plus on a assisté à des politiques, comme celles menées par le gouvernement Lula au Brésil, qui aggravent la crise écologique.
Les partis communistes traditionnels poursuivent leur déclin prolongé. Ils tentent de le freiner en s’accrochant aux forces dominantes de la gauche libérale et aux appareils institutionnels ou se replient sur des positions nostalgiques et identitaires. S’il y a des secteurs ou courants qui veulent construire des mouvements sociaux avec des forces anticapitalistes, comme c’est le cas de Synaspismos en Grèce, ils sont amenés à connaître des contradictions ou des fractures à cause de leur nature réformiste. La combinaison de résistances sociales et de ces mouvements des appareils de la gauche traditionnelle libère de nouveaux espaces pour la gauche radicale. Elle met à l’ordre du jour la réorganisation et la reconstruction d’un mouvement ouvrier sur de nouveaux axes, ceux de l’anticapitaliste et de l’écosocialisme.
4. Nous voulons nous engager dans cette réorganisation pour créer une nouvelle gauche à la hauteur du défi de ce siècle et reconstruire le mouvement ouvrier, ses structures, sa conscience de classe, son indépendance par rapport à la bourgeoisie au niveau politique et culturel :
— une gauche anticapitaliste, internationaliste, écologiste, féministe ;
— une gauche clairement alternative à la social-démocratie et à ses gouvernements ;
— une gauche qui se batte pour un socialisme du XXIe siècle, autogéré et démocratique et qui se dote d’un programme conséquent pour y arriver ;
— une gauche consciente que, pour atteindre cet objectif, il faut rompre avec le capitalisme et sa logique et donc ne pas gérer ce que l’on veut combattre ;
— une gauche pluraliste et ancrée dans les mouvements sociaux et dans le monde du travail, qui intègre la combativité des travailleurs, les luttes de libération et émancipation des femmes, du mouvement LGBT, et les luttes écologistes ;
— une gauche non-institutionnelle qui base sa stratégie sur l’auto-organisation du prolétariat et de tous/toutes les opprimé(e)s selon le principe que l’émancipation des travailleur/travailleuses est l’œuvre des travailleuses/travailleurs eux-mêmes ;
— une gauche qui intègre des nouveaux secteurs sociaux, des nouvelles thématiques comme celles qui ont été exprimées par les forums sociaux mondiaux, et surtout des nouvelles générations parce qu’on ne peut pas faire du neuf qu’avec du vieux ;
— une gauche internationaliste et anti-impérialiste qui se batte contre la domination et la guerre et qui dessine le cadre d’une Internationale de masse et démocratique ;
— une gauche capable de lier le patrimoine précieux du marxisme critique et révolutionnaire avec l’élaboration féministe, écosocialiste ou les élaborations des mouvements indigènes de l’Amérique latine ;
— une gauche indépendante et classiste qui se bat pour la plus large unité d’action contre la crise et pour les droits, les acquis et les aspirations des travailleurs/travailleuses et de tous/toutes les opprimé(e)s.
5. C’est dans cette aspiration que se posent les problèmes de construction de la IVe Internationale, de nouveaux partis anticapitalistes et de nouveaux regroupements internationaux. Nous l’avions traduit, dés 1992, donc dans les deux derniers congrès mondiaux, dans le triptyque « Nouvelle époque, nouveau programme, nouveau parti », développé dans les textes de l’Internationale. Nous confirmons l’essentiel des choix faits lors de notre dernier congrès mondial en 2003 sur la construction de larges partis anticapitalistes. La IVe Internationale est confrontée, de manière globale, à une nouvelle phase. Les militants, noyaux, courants ou organisations marxistes révolutionnaires doivent se poser le problème de la construction de formations politiques larges, anticapitalistes, révolutionnaires dans la perspective d’une nouvelle représentation politique indépendante des travailleurs. Cela est vrai à l’échelle de chaque pays et à l’échelle internationale. Sur la base de l’expérience de la lutte de classes, du développement du mouvement altermondialiste, des luttes de résistance et des mobilisation anti-guerre des dix dernières années, et en particulier sur la base des enseignements tirés de l’évolution du PT brésilien, de Refondation communiste en Italie, des débats de la gauche anti-libérale française, les marxistes révolutionnaires se sont engagés ces dernières années dans la construction du PSOL au Brésil, de Sinistra Critica en Italie, du Nouveau Parti Anticapitaliste en France, de Respect en Angleterre. Dans cette perspective, nous avons aussi poursuivi les expériences de construction du Bloco de Esquerda au Portugal et de l’Alliance Rouge-Verte au Danemark. L’objectif commun, avec des voies différentes, est celui de larges partis anticapitalistes. Il ne s’agit pas de reprendre les vieilles formules de regroupement des seuls courants révolutionnaires. L’ambition est de rassembler au-delà des seules forces révolutionnaires. Celles-ci peuvent être un point d’appui dans ce processus de rassemblement à condition qu’elles s’orientent clairement pour construire ces partis anticapitalistes. Même s’il n’y a pas de modèle, chaque processus de regroupement tenant compte des spécificités et rapports de forces nationaux, notre objectif doit donc être de chercher à construire des forces politiques larges anticapitalistes indépendantes de la social-démocratie et du centre-gauche, des formations qui rejettent toute politique de participation ou de soutien à des gouvernements de collaboration de classes : aujourd’hui, à des gouvernements avec la social démocratie ou le centre-gauche. C’est sur la base d’une telle perspective que nous devons nous orienter. Ce que nous savons des expériences de décantation et de réorganisation en Afrique et en Asie pèse dans le même sens. C’est au travers de ce processus que nous pouvons connaître un nouvel essor. C’est cette question qui doit cadrer le prochain congrès de la IVe Internationale.
6. Voilà le cadre dans lequel nous devons aborder les rapports entre la construction de la IVe Internationale et une politique de rassemblement anticapitaliste à l’échelle nationale, continentale et internationale. Il faut discuter comment renforcer et transformer la IVe Internationale pour en faire un outil efficace dans la perspective d’un nouveau rassemblement international. Nous avons déjà commencé à faire, avec des résultats limités, il faut le reconnaître, des conférences de la gauche anticapitaliste ou d’autres conférences internationales. Sur le plan international, nous avons multiplié, sur cette base politique, les conférences et les initiatives de convergence et de rassemblement international : la constitution de la gauche anticapitaliste européenne (GACE-EACL), avec le Bloc de gauche portugais, l’Alliance Rouge et Verte danoise, le SSP écossais. Nous avons travaillé avec des organisations comme le SWP anglais. D’autres partis — même réformistes de gauche — qui ont eu à tel ou tel moment une évolution politique « à gauche », comme Refondation communiste d’Italie ou Synaspismos de Grèce, ont aussi participé à ces conférences. Nous avons tenu aussi des conférences internationales d’organisations révolutionnaires et anticapitalistes lors des forums sociaux mondiaux de Mumbai en Inde ou Porto Alegre et de Belém au Brésil. Sur ce plan, nous avons tissé des liens de solidarité avec le PSOL brésilien, dans sa rupture avec le PT de Lula. Nous avons soutenu les efforts de nos camarades italiens pour construire une alternative anticapitaliste à la politique de la direction de Refondation communiste en Italie. Ces quelques éléments montrent le type d’orientation que nous voulons mettre en œuvre. Les différentes conférences tenues en 2008 et 2009 montrent ainsi les nécessités et possibilités d’action et de discussion communes d’un nombre important d’organisations et courants de la gauche anticapitaliste en Europe. Il faut maintenant continuer une politique de réunions et conférences ouvertes sur des thèmes de réflexion stratégique et programmatique et d’action communes au travers de campagnes ou d’échéances de mobilisation internationale.
7. La IVe Internationale et ses sections ont joué et veulent jouer encore un rôle essentiel dans la défense, la promotion et la mise en œuvre d’un programme de revendications d’urgence mais aussi transitoires vers le socialisme ; d’une politique de front unique qui vise à la mobilisation de masse des travailleurs et de leurs organisations ; d’une politique d’unité et d’indépendance de la classe ouvrière contre toutes les formes d’alliance avec la bourgeoisie, contre toute participation à des gouvernements dans les pays capitalistes avancés qui gèrent simplement l’État et l’économie capitalistes en ayant abandonné tout internationalisme.
La IVe Internationale a joué et joue encore un rôle fonctionnel pour garder vivante l’histoire du courant marxiste révolutionnaire, « comprendre le monde », confronter les analyses et les expériences de militants, de courants ou organisations révolutionnaires et rassembler des organisations, des courants et des militants qui partagent la même vision stratégique et les mêmes choix de regroupements larges sur des bases révolutionnaires. L’existence d’un cadre international qui permette de « penser la politique » est un acquis indispensable à l’intervention des révolutionnaires. L’internationalisme conséquent doit poser la question d’un cadre international. Mais pour des raisons historiques qu’elle a elle-même analysées, la IVe Internationale n’a pas la légitimité pour incarner elle-même la nouvelle Internationale de masse dont nous avons besoin. Aussi dès qu’il s’agit de faire un pas en avant dans le rassemblement des forces anticapitalistes, ces nouvelles organisations, notamment en Europe et en Amérique latine ne peuvent s’inscrire ou adhérer à tel ou tel regroupement se réclamant de la IVe Internationale, et cela quel que soit le référent — ex-morénistes divers, lambertistes, IST (SWP), CWI (SP britannique) ou autres variantes du trotskysme. Notons, néanmoins, une différence majeure entre la IVe Internationale et tous ces regroupements, au-delà des positions politiques, et qui est à mettre à son compte, c’est qu’elle est basée sur une coordination démocratique de sections et de militants, alors que les autres regroupements internationaux sont des « Internationales-fractions » ou des coordinations basées sur des « partis-fractions » qui ne respectent pas les règles de fonctionnement démocratique, en particulier le droit de tendance. Les limites historiques de ces courants « trotskystes » internationaux, comme d’autres courants ex-maoïstes ou ex-communistes, empêchent aujourd’hui d’avancer dans la cristallisation de nouveaux regroupements internationaux. Quant aux appels de Chávez ou d’autres à de nouvelles Internationales, ils ne se situent pas sur le même terrain. Ils posent bien évidemment des problèmes de base politiques mais aussi de relations entre les États et les organisations.
Dans les rapports de forces actuels, la politique pour avancer vers une Internationale de masse doit plutôt emprunter la voie de conférences ouvertes et ponctuelles sur des questions politiques centrales, — actions, campagnes, thèmes spécifiques ou débats —, qui permettent la convergence et l’émergence de pôles anticapitalistes et révolutionnaires. Dans les nouveaux partis anticapitalistes qui peuvent se former dans les années à venir et expriment l’étape actuelle de combativité, d’expérience et de conscience des secteurs les plus engagés dans la recherche d’une alternative anticapitaliste, se pose et se posera la question d’une nouvelle Internationale. Nous agissons et nous agirons pour qu’elle ne se pose pas en terme de choix idéologiques ou historiques sous peine de division et d’éclatement. Elle doit se poser sur un double plan, la convergence politique réelle sur des tâches d’intervention internationale et le pluralisme des nouvelles formations qui doivent réunir des courants d’origines diverses : trotskystes divers, libertaires, syndicalistes révolutionnaires, nationalistes révolutionnaires, réformistes de gauche. Aussi en général, lorsqu’il y a eu concrètement des avancées vers de nouveaux partis, nous avons proposé que le nouveau parti large anticapitaliste fonctionne avec droit de tendances ou courants, et que les partisans de la IVe Internationale dans ces nouveaux partis s’organisent sous des formes à déterminer, en fonction des situations spécifiques à chaque parti. Nos camarades portugais dans le Bloc de gauche, danois dans l’Alliance Rouge et Verte, ou brésiliens dans le PSOL, sont organisés sous des formes particulières en courant IVe Internationale ou en courants luttes de classes avec d’autres sensibilités politiques.
8. Dans ce mouvement nous sommes confrontés à des désynchronisations entre construction du parti à l’échelle nationale et construction de nouveaux regroupements internationaux. Il peut y avoir dans la situation actuelle, ou dans les années qui viennent, de nouveaux partis anticapitalistes dans une série de pays, mais l’émergence d’un nouveau rassemblement international ou, à plus forte raison, de nouvelle Internationale n’est pas, à cette étape, envisageable. Une nouvelle Internationale ne sera que le résultat d’une période prolongée d’actions communes et d’une compréhension commune des événements et des tâches pour renverser le capitalisme. Tout en affirmant une politique de rassemblement international, cela confirme les responsabilités particulières de la IVe Internationale, et donc la nécessité de son renforcement. Nous pouvons et nous cherchons à représenter un cadre d’organisation attractif, démocratique, pour des organisations révolutionnaires qui partagent les mêmes projets politiques que le nôtre. C’est dans cette dynamique que se sont situés les camarades philippins, que se situent les camarades pakistanais, les camarades russes et que pourraient se situer demain les camarades polonais ou maliens, par exemple.
9. Nous avons, effectivement, un rôle particulier reconnu par une série de courants politiques. Nous pouvons être les seuls à pouvoir faire converger des forces politiques d’origines diverses. C’est par exemple ce que nous disent, en Amérique latine, les camarades vénézuéliens de l’UNT et d’autres courants de gauche du processus bolivarien. C’est aussi le cas en Europe, dans le cadre des relations de la GACE et de celles tissées avec d’autres courants. Aussi, nous voulons œuvrer à la rencontre de toutes ces forces. Il n’y aura pas de dépassement organisationnel immédiat. Mais nous voulons faire jouer à la IVe Internationale un rôle de « facilitateur » de convergences dans la perspective de nouveaux rassemblements internationaux.
10. Du coup, pour nous consolider et jouer ce rôle, toutes les instances de la IVe Internationale doivent être renforcées : réunions régulières, comités internationaux, voyages, échanges entre les sections. Il faut renforcer l’activité de l’Internationale déployée ces dernières années : le fonctionnement régulier des instances de direction qui se sont tenues chaque année, représentant une trentaine d’organisations, doit assurer la continuité — Bureau, réunion des BP européens, CI (Comité international) – de notre courant international.
Le camp de Jeunes qui s’est tenu chaque année avec près de 500 camarades doit avoir une place centrale pour le travail jeune de nos sections européennes.
L’institut de formation a pris un nouvel essor. Il faut maintenant organiser régulièrement les écoles, les séminaires, et assurer un équilibre de sa gestion et de son animation... La IVe Internationale doit aussi ouvrir ses réunions et son institut. L’institut a une place centrale non seulement pour former les cadres des sections mais aussi pour contribuer aux échanges entre courants et expériences internationales diverses. Les séminaires tenus récemment indiquent la nécessité et la possibilité que nous soyons un creuset d’élaboration programmatique sur les questions essentielles que se posent les courants révolutionnaires et anticapitalistes. Les réunions femmes, jeunes, syndicalistes doivent aussi être ouvertes aux autres et transformées dans cette perspective. Bref, dans les temps qui viennent, et sur une orientation visant à la construction d’un nouveau rassemblement international ou d’une nouvelle Internationale, la IVe Internationale — comme cadre international — constitue un atout essentiel pour les marxistes révolutionnaires. ■