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Ne laissez pas la compagnie Canwest baîllonner Mordecaï Briemberg et peut-être même VOUS !

mardi 6 mai 2008

Imaginez ceci : vous participez à une assemblée publique sur le Moyen Orient ; vous voyez une parodie humoristique du quotidien local ; vous en prenez quelques copies et vous les distribuez. Six mois plus tard, vous recevez une assignation qui vous accuse d’avoir produit cette parodie, qui menace de vous coûter des dizaines de milliers de dollars en frais juridiques, qui vous prend des centaines d’heures de votre temps et qui vise à vous empêcher d’exprimer votre opinion à l’avenir. Impossible ? Scénario kafkaïen ?

Ne laissez pas la compagnie Canwest baîllonner Mordecaï Briemberg et peut-être même VOUS !


Le Comité « SERIOUSLY FREE SPEECH » de Vancouver
PO Box 57112, RPO East Hastings Street, Vancouver, B.C., V5K 5G6
Courriel : info@seriouslyfreespeech.ca
Signer le pétition en ligne


Imaginez ceci : vous participez à une assemblée publique sur le Moyen Orient ; vous voyez une parodie humoristique du quotidien local ; vous en prenez quelques copies et vous les distribuez. Six mois plus tard, vous recevez une assignation qui vous accuse d’avoir produit cette parodie, qui menace de vous coûter des dizaines de milliers de dollars en frais juridiques, qui vous prend des centaines d’heures de votre temps et qui vise à vous empêcher d’exprimer votre opinion à l’avenir. Impossible ? Scénario kafkaïen ? C’est pourtant ce qui arrive à Mordecaï Briemberg à Vancouver, ces jours-ci, et nous avons besoin de votre aide pour mettre fin à cette absurdité.

Au début de juin 2007, une parodie du quotidien The Vancouver Sun a été produite et des copies ont été distribuées. Cette parodie, une maigre édition de quatre pages, coïncidait avec le 40e anniversaire de l’occupation continue par Israël des territoires conquis lors de la guerre de 1967. La parodie mettait l’accent sur la couverture médiatique biaisée du conflit israélo-palestinien par le Vancouver Sun.
Que s’est-il passé ?
Mordecaï Briemberg assistait à une assemblée à la Bibliothèque municipale de Vancouver dont l’objectif était de commémorer l’événement et de s’opposer à l’occupation continue de la Cisjordanie et de la bande de Gaza. À la fin de l’assemblée, on avait déposé sur une table une pile de tabloïds – une seule feuille, quatre pages, qui parodiait le Vancouver Sun – le plus important quotidien de Vancouver, publié par Canwest. Nous ne pouvons pas vous montrer la parodie sans risquer d’être poursuivis nous-mêmes, mais nous pouvons vous envoyer le texte de son contenu. L’affaire débute ainsi.

Le bandeau en haut de la première page portait la date suivante : « Jour d’occupation, juin 2007 ». En lieu et place de l’habituel « Seriously Westcoast since 1912 »[1] apparaissait « Seriously Zionist since 2001 », c’est-à-dire « Sérieusement sioniste depuis 2001 », l’année où Canwest est devenue propriétaire du journal. L’article en manchette, signé P. Rupa Ghanda[2], est intitulé « Célébrons 40 ans d’efforts pour civiliser la Cisjordanie ». Un autre article, de Cyn Sorsheep[3], est intitulé « Une étude démontre que la vérité est biaisée en défaveur d’Israël ». Dans ces articles et dans d’autres, y compris dans de fausses petites annonces, on retrouve des critiques de la politique israélienne en Palestine occupée et une critique des politiques pro-israéliennes des médias de Canwest. Dans la page intérieure, il y a un encadré intitulé : « Qui a produit cette parodie du Vancouver Sun et pourquoi ? ». La création du tabloïd y est attribuée au « Palestine Media Collective, un groupe d’action directe qui critique les médias, préoccupé par la couverture médiatique dominante de la situation au Moyen Orient ». L’encadré fournit une liste de « sources alternatives d’information sur le Moyen Orient ». L’opération est astucieuse, mais il n’est pas nécessaire d’être un grand analyste des médias pour réaliser qu’il ne s’agit pas du véritable Vancouver Sun, pas plus que le Jean Chrétien ou le Stephen Harper de l’émission CBC Air Farce n’a été ou n’est le véritable premier ministre.

Il existe une longue histoire de la satire et de la parodie, reconnues en tant qu’outils de critique et de commentaire politiques, depuis Hogarth et Daumier au 19e siècle jusqu’à Rick Mercer et Stephen Colbert[4], à la télévision de nos jours.

Mordecaï a été amusé par cette parodie ; il en a ramassé quelques copies sur une table et les a distribuées à un arrêt d’autobus près de sa résidence. Telle fut l’étendue de son implication.
Action en justice
La poursuite de Canwest nomme à titre d’accusés un atelier d’imprimerie ainsi que Mordecaï et complète ensuite la liste avec six accusés non identifiés : John Doe #1, John Doe #2, John Doe #3, and Jane Doe #1, Jane Doe #2, Jane Doe #3. Bien qu’elles soient prétendument centrées sur la violation de la marque de commerce, les accusations relèvent davantage d’une attaque politique. Elles soutiennent que Mordecaï et les six accusés John/Jane Doe ont été impliqués dans des « activités médiatiques anti-israéliennes et pro-palestiniennes » et qu’ils ont écrit ou proféré des paroles « critiquant sévèrement l’État d’Israël et le plaignant et quiconque publie des articles ou des opinions que les défendeurs perçoivent être contraires à leurs propres opinions ». Dans l’assignation de Canwest, le nom de Mordecaï est lié de façon répétitive au Canada Palestine Support Network, un groupe qui n’est même pas présumé avoir quelque chose à voir avec la parodie. On y demande toute une panoplie de réparations, y compris une injonction visant à empêcher les défendeurs de « publier des mensonges préjudiciables par la voie de journaux ou d’autres publications, sur Internet ou autrement ».

Revient-il à Canwest de déterminer ce qui constitue des « mensonges » ? Imaginez les implications de cela sur le droit à la liberté d’expression de la Charte. Galilée a eu un problème semblable face au pape quand il était question de savoir si le soleil tournait autour de la terre ou vice versa.

Dans sa réponse aux accusations d’implication dans la création de la parodie, Mordecaï affirme : « J’ai toujours été fier de publier tout ce que j’ai à dire sous mon propre nom et de me porter responsable de mes paroles, de mes idées et de mes actions. Mais je n’ai joué aucun rôle dans la conception, la création, la production et le financement de cette satire et je ne sais pas qui en est l’auteur ». L’avocat de Canwest a confirmé par écrit que les plaignants ne possèdent absolument aucun document démontrant l’implication de Mordecaï Briemberg dans aucune des allégations contre lui. Mais jusqu’ici, Canwest refuse toujours de laisser tomber sa poursuite ! Ainsi donc, pour avoir simplement pris et distribué une poignée de copies parodiées du Vancouver Sun, déposées sur une table lors d’une assemblée publique, Mordecaï a été traîné en cour par un géant médiatique qui possède des ressources financières illimitées et une grande rancune à l’égard de tous les critiques d’Israël.
Pourquoi Mordecaï Briemberg ?
Mordecaï Briemberg est un militant de longue date sur les enjeux de paix et de justice sociale. Son militantisme remonte au début des années 1960s alors qu’il participe à la Campagne pour le désarmement nucléaire en Angleterre, en tant qu’étudiant détenteur d’une bourse Rhodes. Poursuivant ce travail anti-nucléaire, il participe ouvertement à la campagne internationale pour libérer Mordechai Vanunu, qui avait alerté l’opinion mondiale au sujet des armes nucléaires israéliennes ; il contribue aussi à la création d’une production théâtrale professionnelle à ce sujet. Il est également impliqué depuis longtemps dans le travail anti-raciste : au Canada, en combattant le racisme contre les Premières Nations et les immigrantEs ; au niveau international, contre l’apartheid en Afrique du Sud. Et cela inclue le combat contre le racisme des politiques et des pratiques de l’État israélien contre les Palestinien-NEs.

Mordecaï a écrit des articles pour plusieurs revues et journaux ; il a publié des recherches ; il a pris la parole dans des congrès syndicaux, des églises, des colloques pour la paix, des universités et des collèges ; il a été interviewé à la télévision et à la radio et il a lui-même interviewé plusieurs personnes à la radio ; il a organisé des manifestations ; il a organisé des assemblées publiques où sont venus prendre la parole, parmi beaucoup d’autres, des Palestiniens de renommée internationale comme le poète Mahmoud Darwish et le militant intellectuel Dr. Naseer Aruri de même que des Juifs israéliens comme le défunt Professeur Israël Shahak, président de la Ligue israélienne pour les droits humains et les libertés civiles, et Michel Warshawsky, fondateur du Centre d’information alternative. En résumé, Mordecaï a été une voix énergique, efficace et marquante dans le débat intense sur la façon de réaliser la paix et la justice pour les Palestiniens et les Juifs dans la Palestine historique. C’est pour cette raison qu’ils s’en prennent à lui !
Et la compagnie CANWEST ?
Canwest est le plus grand conglomérat de médias au Canada. La liste de ce que ce conglomérat ne possède pas est plus courte que celle de ce qu’il possède. Il se décrit lui-même comme « le plus important éditeur du Canada en ce qui concerne les quotidiens vendus en langue anglaise, avec un lectorat hebdomadaire estimé à 4,8 millions de personnes. Nos journaux incluent le National Post, dix quotidiens grand-marché[5], ainsi que plusieurs journaux communautaires ». CanWest possède le réseau de télévision Global, les canaux History, Food et Showcase et, à travers divers portefeuilles, ils sont impliqués dans plusieurs autres entreprises de médias de tout genre. Si vous lisez ou si vous regardez les nouvelles[6], il y a de très fortes chances que vous lisiez ou que vous regardiez les nouvelles de CanWest. À Vancouver, où se déroule cette action, CanWest possède environ 70 % des sources de nouvelles (quotidiens, hebdomadaires, télévision).

La compagnie est la propriété de la famille Asper de Winnipeg. Son fondateur, Israël (Izzy) Asper, est mort il y a quelques années et la compagnie est maintenant entre les mains de son fils Leonard. Tant le fils que le père, sionistes passionnés, s’assurent que leur compagnie soit l’écho de leur idéologie. Dans une entrevue au Jerusalem Post, au mois d’août 2003, Izzy Asper déclarait : « Dans tous nos journaux … nous avons une position très favorable à Israël… nous sommes les plus ardents partisans d’Israël au Canada ». Pour en savoir davantage sur les Asper et leurs opinions politiques, vous pouvez consulter The Asper Nation – un livre de Marc Edge, publié par New Star Books, ou l’édition du 23 novembre 2007 du quotidien en ligne The Tyee qui publie The Asper Slam on News Media (un parmi trois extraits du livre de Marc Edge publié par The Tyee).
En quoi cela me concerne-t-il ?
Si vous croyez à la liberté d’expression sur tous les sujets ou si avez déjà exprimé une opinion contraire au statu quo, cela vous concerne au plus haut point. En anglais, ce genre de poursuite est connu sous le nom de SLAPP (Strategic Lawsuit Against Public Participation) ; en français, on la nomme « Poursuite stratégique contre la mobilisation populaire ». Le concept et son acronyme ont été créés au cours des années 1980 pour décrire une tactique utilisée par les puissants de ce monde, gouvernements ou corporations, pour intimider les critiques et bâillonner le débat public en menaçant les dissidents de frais juridiques et d’interdiction générale de s’exprimer.

S’ils peuvent intimider Mordecaï, ils peuvent vous intimider ! Les actions de Canwest constituent un dangereux précédent pour quiconque exprime une opinion – quelle qu’elle soit et sur quelque sujet que ce soit – qui déplaît à quelqu’un de puissant. Les troupes canadiennes en Afghanistan ? les enjeux environnementaux ? les droits des Autochtones ? Les tasers entre les mains des policiers ? Sur ces questions et sur d’autres, ils peuvent vous poursuivre. Ils ne gagneront peut-être pas, mais il vous en coûtera énormément en temps, en argent et en stress lorsque vous vous demanderez si tel article ou tel discours ne vous entraînera pas éventuellement dans un dédale de problèmes. Car l’objectif est d’intimider ceux qui ne possèdent pas de conglomérats médiatiques et qui n’ont pas de légions d’avocats à leur service, c’est-à-dire… VOUS !
Que puis-je faire ?
• Ne laissez pas Canwest vous réduire au silence. Faites circuler ce document, en version electronique ou sur papier, au maximum de personnes possible, dans tous les domaines, pour que tous ceux et toutes celles qui partagent un engagement à défendre, à préserver et à exercer le droit à la liberté d’expression soient au courant de cette cause.
• Signez notre déclaration exigeant que Canwest abandonne sa poursuite contre Mordecaï Briemberg et cesse son harcèlement. Encouragez-en d’autres à faire de même. Vous pouvez signer en ligne à cette adresse : www.seriouslyfreespeech.ca.
• Écrivez une lettre à Canwest et postez-la à l’attention de leur avocat : David Church, Church & Company, 900-1040 West Georgia Street, Vancouver, British Columbia, V6C 3H4, Canada. SVP envoyez une copie de votre lettre au Comité Seriously Free Speech.
• Si vous habitez dans la région de Vancouver, joignez-vous au Comité Seriously Free Speech.
• Faites une contribution financière pour aider à défrayer les inévitables frais juridiques. Faites un chèque à l’ordre de : Seriously Free Speech Committee et postez-le à l’adresse ci-bas.
Seriously Free Speech Committee,
PO Box 57112, RPO East Hastings Street, Vancouver, B.C.,V5K 5G6
Email : info@seriouslyfreespeech.ca Website : www.seriouslyfreespeech.ca

Où puis-je en apprendre davantage ?
Nous avons tout un dossier sur ce cas, incluant le texte de la parodie, l’assignation, des informations générales sur Canwest et sur les Asper, etc. Il nous fera plaisir de vous le faire parvenir, en version électronique ou papier. Ces informations – et bien d’autres encore – seront publiées sur notre site Internet, indiqué ci-haut.

Solidairement,
Brian Campbell et Jef Keighley
Co-présidents du Comité Seriously Free Speech de Vancouver


Qui est le Comité Seriously Free Speech ?
Le Comité Seriously Free Speech (CSFS) a été mis en place spécifiquement pour s’opposer à une campagne à caractère politique du groupe de médias Canwest visant à punir et à faire taire Mordecaï Briemberg en raison de son travail inlassable de plaidoyer public en faveur de ce qu’il considère être les droits légitimes du peuple palestinien. Le noyau fondateur du CSFS est composé d’individus de la grande région de Vancouver impliqués dans du travail politique progressiste, localement et internationalement. Le CSFS ne prône aucune analyse particulière quant aux enjeux controversés entourant les droits et les pratiques israéliennes et palestiniennes ; et nous ne proposons pas, non plus, une façon unique et particulière de résoudre ce conflit coûteux au plan humain. La base d’unité du comité est plutôt son engagement à promouvoir un débat ouvert et public sur ces questions. Quand une ensemble diversifié de perspectives et d’informations sont soumises à considération – sans harcèlement, sans intimidation et sans censure – tout le monde peut y réfléchir et tirer ses propres conclusions. Le CSFS considère que la monopolisation de la propriété des médias dans notre société ne peut pas permettre l’expression et le partage d’opinions diverses. Le Comité Seriously Free Speech accueille tous ceux et celles qui sont généralement d’accord avec nos buts et notre perspective et les invite à se joindre à ce travail pour qu’il soit couronné de succès.


[1] Littéralement : « Sérieusement de la Côte ouest, depuis 1912 ».
[2] Jeu de mots en anglais : Propaganda (NDT)
[3] Jeu de mots en anglais : Censorship (NDT)
[4] Rick Mercer anime le Mercer Report à CBC et Stephen Colbert, le Colbert Report de la chaîne Comedy Central aux États-Unis. En français, à Radio-Canada, on peut penser à Jean-René Dufort (Infoman) ou à Serge Chapleau (Et Dieu créa Laflaque) (NDT)
[5] dont The Gazette, à Montréal.
[6] en anglais, au Canada (NDT)