Le journal Le Soleil publiait samedi le 11 octobre en page A26 et sous la plume de José Garçon (Libération) un article révélateur avec comme titre « Mohammend VI lance une réforme du statut de la femme » (Maroc).
Une simple citation nous expose la situation : « Plusieurs mesures vont ainsi dans le sens de l’égalité de l’homme et de la femme. La famille sera désormais placée sous la ’responsabilité’ conjointe des deux époux et non plus seulement sous celle du seul mari : l’âge du mariage est fixé uniformément à huit ans et les héritiers mâles ne seront pas systématiquement avantagés dans le partage des terres. La polygamie sera soumise à autorisation du juge et à des conditions légales draconiennes qui la rendent presque impossible. Le code de la famille confère un rôle central à la justice, notamment concernant le divorce qui sera judiciaire, rendant presque caduque la répudiation. Enfin plusieurs dispositions visent à renforcer la protection de l’enfant qui -nouveauté notaire- pourra être confié sous certaines conditions à sa mère même après son remariage. »
Ce projet de loi ne date pas du début du siècle et n’est pas issu d’un tout petit pays. Nous sommes en 2003 et le Maroc est un pays important de l’Afrique du Nord. Mais cela n’est pas sans rappeler le sort soit la condamnation à mort que des femmes nigériennes ont failli connaître récemment. Et que dire de la situation des femmes en Afghanistan, en Irak et en Iran avec burka et tchador.
Prendre en compte cette réalité des femmes sous l’emprise du patriarcat le plus cru et le plus cruel, devrait-il nous faire taire ? Nous faire nous contenter de ce que nous avons ? Payer un peu plus cher pour des garderies ou se contenter de relativité salariale au lieu d’une vraie équité, négocier l’efficacité des services publics et le partenariat privé-public bien fait ? Pourquoi pas, surtout si on voit les conséquences sur les femmes ailleurs ?
Et bien justement. C’est en voyant les conséquences ultimes sur ces femmes ailleurs qu’il faut lutter ici et maintenant pour éviter que le patriarcat ne prenne plus de place qu’il en prend à l’heure actuelle. Nous ne pouvons nous contenter de demi-mesures sinon nous reculons. Et surtout, nous n’aidons pas ces femmes ailleurs à gagner leurs revendications, à prendre leur place et à invoquer nos expériences ici pour s’en servir elles.
La solidarité de la Marche mondiale des femmes de l’an 2000 démontre bien cette interaction entre les luttes d’ici et les luttes d’ailleurs. Tout comme le bruissement d’ailes du papillon qui produit un ouragan. Au contraire, la situation des femmes ailleurs doit nous indiquer jusqu’à quelle horreur le patriarcat peut aller. Il ne faut pas oublier les viols de guerre en Bosnie -Herzégovine, les meurtres en série comme à Ciudad Juarez et les massacres de personnes et d’enfants civilEs en Palestine. Toute cette horreur doit nous motiver à continuer pas nous décourager ou nous contenter de ce que nous avons. Nous oublions trop souvent que nos luttes partielles ont un ennemi ultime et barbare. Ces articles exposant la situation des femmes ne font que nous rappeler à l’essentiel.
Nous ne pouvons que souhaiter que Mohammed VI passe au plus vite sa réforme, les femmes marocaines en ont bien besoin.