Tiré de Presse-toi à gauche
mercredi 14 octobre 2009, par Dan La Botz
Traduit de l’anglais par D.M.
Pendant la nuit du 13 octobre, la police fédérale mexicaine a saisi la centrale électrique de la société LyF, qui fournit l’électricité à la ville de Mexique et à plusieurs états de Mexique central. Le gouvernement de Felipe Calderon a également annoncé la liquidation de la société, le renvoi des travailleurs et des travailleuses,et la dissolution du Syndicat des travailleurs de l’électricité du Mexique (SME), qui s’oppose à la politique du gouvernement.
Le gouvernement poursuit deux buts, l’un politique, l’autre économique. Il veut éliminer le SME qui a été la force motrice de l’opposition à la politique économique du gouvernement et en particulier à sa politique de privatisation de l’électricité. Il cherche également à éliminer la société LyF afin de la fusionner avec la Commission fédérale de l’électricité pour les privatiser.
Les attaques violentes du gouvernement Calderon ne sont pas nouvelles. Mais celle-ci marque un point tournant, puisque le syndicat en question est au centre de la résistance au gouvernement et de la construction de coalitions entre le mouvement syndical et les mouvements sociaux. Il est situé en plus dans la ville de Mexique, le centre de l’opposition politique au gouvernement.
Le journaliste Luis Hernandez Navarro écrit dans le quotidien La Jornada que « L’attaque de la police et de l’armée contre les travailleurs de l’électricité est un coup sérieux à la vie démocratique précaire du pays. Il provoque un court-circuit gigantesque. Il établit un précédent malheureux. En recourant à la violence pour résoudre un conflit provoqué par le gouvernement lui-même, il nous retourne à la pire étape de l’autoritarisme. »
Le secrétaire général du syndicat, Martin Esparza, qualifie l’action de Calderon de « anti-constitutionnelle ». Il a appelé ces 65,000 membres actifs et retraités à garder le calme et à résister à la provocation. Mais les membres doivent défendre l’industrie nationalisée de l’électricité, leur syndicat, et leurs droits constitutionnels. Selon une déclaration syndicale, « Ils on déclaré la guerre contre nous, et nous allons répondre, en exerçant nos doits et nos garanties constitutionnelles – il ne faut pas en douter. »
Le syndicat met de l’avant trois revendications :
1. révocation du décret qui liquide la société
2. évacuation immédiate de la police fédérale des centrales
3. négociations entre le gouvernement et le syndicat des questions financières et administratives.
Le syndicat appelle à la solidarité les autres syndicats mexicains et internationaux. Certains membres du syndicat veulent qu’il déclare la grève générale, ce qui couperait l’électricité à la ville et aux états qui l’entourent. Mais jusqu’ici le syndicat ne s’y est pas décidé.
Les actions du gouvernement ne sont pas une inattendues. Lui et ses prédécesseurs ont souvent exprimé le désire de privatiser le secteur de l’électricité.
En septembre le Ministre de travail a déclaré invalides les élections au SME et a refusé de reconnaître les officiers élus. Sans cela le syndicat ne pouvait négocier ni mener d’autres activités syndicales. Des membres d’un groupe dissident, tacitement appuyés par le gouvernement, ont organisé une attaque armée contre les locaux du syndicat, volant des documents et des chèques bancaires.
Le gouvernement se justifie en prétendant que la société est inefficace et gaspilleuse. Il se dit préparé à dépenser 20 milliard pesos (2$ milliards) pour compenser les travailleurs renvoyés.
A ce moment, 500 policiers fédéraux ont pris le contrôle de plus de 100 usines. Pour l’instant, il n’y a pas eu de violence sérieuse. Mais si le syndicat résiste, la police, appuyée par l’armée, réprimera le syndicat par la force. Lors de conflits passés avec les syndicats, de telles répressions ont causé des morts et les dirigeants syndicaux ont été condamnés à de longs termes de prison.
Le gouvernement s’est servi de la police fédérale pendant les derniers trois ans pour casser des grèves de mineurs et de métallos et pour écraser des mouvement sociaux, résultant en de morts, de viols, de passages à tabac. Dans le passé la police ou l’armée ont été envoyées écraser des mouvements militants de travailleurs en 1959, d’étudiants en 1968, et travailleurs de l’électricité.
Pour protester contre les actions du gouvernement, écrivez au Président Felipe Calderon à felipe.calderon @presidencia.gob.mx, avec copie au syndicat à sinmexel@sme.org.mx