Tiré du site Europe Solidaire et sans Frontières
2 février 2009
Près de 100.000 personnes auront, pendant toute une semaine, manifestées, échangées des expériences, confrontées des positions, pris des décisions.
C’est la première grande manifestation mondiale contre la crise capitaliste, mais aussi une preuve de la mobilisation impressionnante de la jeunesse et du peuple brésilien.
Alors bien entendu, le Forum , c’est aussi, l’occasion pour le gouvernement Lula et la direction du PT de prendre une initiative d’envergure mondiale. Il y a aussi le poids des églises. Sans oublier le caractère de « grande manifestation politico-commerciale » de ce genre d’évènement.
Mais c’est la dimension de rassemblement politique qui a prévalu.
Ici, la crise a été omni-présente. La crise dans sa dimension globale. Contrairement à ce qui a été présenté ici ou là (en particulier par le journal Le Monde), le Forum n’aura pas été recentré, un peu comme un retour en arrière, sur la question écologiste, mais aura manifesté, et ce de manière exceptionnelle, le caractère combiné de la crise économique et de la crise écologique.
Il est vrai que la lutte contre la déforestation de l’Amazonie et la montée en puissance des revendications des populations indiennes d’Amérique du sud qui mettent l’accent sur le « vivre bien », c’est a dire l’ équilibre entre production, consommation et respect dés éco-systèmes a été des plus parlant pour bien montrer que les réponses doivent se situer à la hauteur de la crise de civilisation que connait la planète.
La crise a été discutée dans toutes ses dimensions : économique , financière, sociale, climatique, alimentaire, dans ses effets sur les droits démocratiques, sur la montée du racisme...
La notion de biens communs aura été discutée comme une question centrale.
Mais si tout le monde s’accorde pour prendre en compte la profondeur de la crise capitaliste comme crise systémique (on a beaucoup plus parle à Belem d’ailleurs de capitalisme plutôt que de néo-libéralisme, à la différence des derniers forums), si tout le monde s’accorde pour dire que lés réponses des gouvernements veulent faire payer lés salariés et les peuples (et ne résolvent pas la crise actuelle), les réponses diffèrent entre les participants.
Il y a, du côté d’un nombre important d’ONG et des directions syndicales, la recherche de solutions néo-keynésiennes (plus de régulations, une prise en charge par les institutions internationales – plutôt l’ONU que le G20 – qui s’inscrivent dans l’illusion d’un retour d’avant la phase néo libérale ou dans l’amélioration du système.
Mais la crise pousse à la radicalité. Et l’ « Appel de l’ assemblée des mouvements sociaux » est de ce point de vue une preuve de cette radicalisation. Il indique que « qu’il n y a pas de sortie de crise au sein du système »... qu’il faut « appuyer les formes de propriété publique et sociale ». Il se prononce surtout pour « la nationalisation des banques sans indemnisation et sous contrôle social... pour la réduction du temps de travail sans réduction de salaires », pour un ensemble de droits sociaux. Il prend enfin position contre les guerres , le retrait de toutes les troupes d’occupation et le démantèlement de toutes les bases étrangères. Il marque sa solidarité avec le peuple palestinien. Cet appel propose enfin « une semaine d’action globale à l’échelle planétaire contre le capitalisme et la guerre du 28 mars (réunion du G20 à Londres) au 4 avril (60e anniversaire de l’OTAN) ». [1]
Ce Forum s’est aussi tenu dans un nouveau cadre géo-politique mondial après l’élection d’Obama. Et là aussi, il y a diverses positions. Le gouvernement Lula et toute une série d’autres organisations se positionnent déjà dans la recherche d’un accord avec lui, accord qui en Amérique du sud renforcera la position du Brésil. Face à cette position, le meeting de Chavez, Lugo, Corea et Morales.... sans Lula aura été un événement des plus importants. Ces quatre présidents confirmèrent leur opposition à l’impérialisme nord-américain et marquèrent leur indépendance face à la puissance brésilienne.
Enfin, ce Forum vit la tenue, à l’initiative du PSOL brésilien et du NPA de France, d’une conférence de la gauche anti-capitaliste internationale. Une vingtaine de pays et d’organisations étaient représentées. Toutes ces organisations ont convenu de participer à un réseau d’échanges d’expériences, de débats et d’actions communes, en particulier dans le cadre des décisions du FSM. [2]
Notes
1. Voir la déclaration Nous ne payerons pas la crise ! Que les riches la paient !
2. Voir François Sabado, Conférence de la gauche anti-capitaliste internationale à Belem à l’occasion du FSM
SABADO François