tiré de PTAG
mercredi 28 janvier 2009, par Bernard Rioux
Aucune bonification du programme d’assurance emploi alors que seulement 43% des chômeuses et des chômeurs ont droit à des prestations, remise en question unilatérale du programme de péréquation qui va exercer des pressions à la baisse sur les dépenses sociales, programme d’investissement dans la construction résidentielle qui prend la forme d’incitation à l’endettement, refus d’investissement significatif dans la protection de l’environnement et dans le développement d’énergies propres ou pour le développement de services publics…
Les fonds annoncés ne constituent en rien des investissements massifs permettant de créer de nombreux emplois et de satisfaire aux besoins sociaux. Le budget Harper est un budget cosmétique. Il visait essentiellement à sauver la peau de ce gouvernement. Rien qui serait à la hauteur d’une récession qui s’annonce profonde. Alors que ces deux derniers mois, plus de 100 000 personnes ont perdu leurs emplois au Canada comme le rappelait Ken Georgetti, président du travail du Canada.
Ignatieff soutient le gouvernement conservateur
Après des tergiversations feintes, cherchant à faire croire qu’il allait peut-être oser faire tomber le gouvernement en votant contre le budget, Ignatieff a promis de soutenir le gouvernement Harper. Le chef du Parti libéral sait très bien que le Parti conservateur a fait un budget démagogique qui ne constitue en rien la reconnaissance des besoins de la population canadienne. Ce qu’avait besoin le chef Libéral, c’est que le premier ministre Harper cherche à donner change. Que les dépenses sociales restent anémiques, que celles consacrées à l’environnement demeurent squelettiques, que les prestations à l’assurance-chômage soient gelées et l’accessibilité restent possibles que pour une minorité des chômeuses et de chômeurs au Canada, tout cela n’a pas pesé lourd dans la balance. Ignatieff a fait prévaloir les intérêts de son parti sur toute autre considération. Il voulait donner à son parti le temps de se reconstruire et de rétablir ses finances.
La seule proposition d’amendement soumis par le Parti libéral du Canada a été de demander trois rapports (mars, juin, décembre 2009) sur le suivi des dépenses. Pas un amendement de plus. Il n’a pas demandé d’améliorations au régime de l’assurance emploi. Il n’a rien demandé en termes de dépenses supplémentaires pour la lutte pour la protection de l’environnement. Le PLC ne voulait prendre aucune responsabilité politique pour ce budget quitte à laisser passer ses aspects les plus odieux. Tout à la logique de la défense de ses intérêts les plus partisans et les plus étroits, le PLC a acheté du temps.
… et il s’est débarrassé de l’encombrante coalition désormais promise aux poubelles de l’histoire !
En votant pour le budget, Ignatieff a démontré à Bay Street que le PLC était pressé d’en finir avec des alliances douteuses avec les sociaux-démocrates du NPD et avec les souverainistes du Bloc québécois. Il fallait en finir cette coalition pour enfin pouvoir redéfinir le PLC comme la seule alternative crédible au Parti conservateur. Chose faite.
Le NPD et le Bloc reconnaissent enfin les intérêts que sert le PLC
Le NPD et le Bloc essayaient de se faire croire depuis la prise du pouvoir par Ignatieff au sein du PLC que ce dernier allait respecter les engagements pris au moment de la signature du texte fondateur de la coalition. D’une semaine à l’autre, la Coalition connaissait une survie formelle, mais n’avait plus aucun impact dans la vie politique canadienne. Les dirigeants libéraux participaient aux consultations menées par le gouvernement conservateur et donnaient leurs bons conseils sur l’élaboration du budget. La coalition avait donc depuis longtemps cessé d’être un cadre de concertation et un instrument d’initiative. Le NPD se retrouve aujourd’hui Gros-Jean comme devant. Ses aspirations gouvernementales sont remises aux calendes grecques. Il a malheureusement participé à redorer l’image politique du parti d’Ignatieff. Il devra affronter les prochaines élections dans une situation beaucoup plus difficile pour lui que durant les dernières élections.
Le Bloc pourra toujours sauver sa mise en rappelant que les PCC et le PLC (son allié d’hier qu’il était prêt à soutenir pour les deux prochaines années) ont encore une fois sacrifié le Québec qui reçoit une portion congrue des dépenses prévues dans ce budget. En effet, le Parti conservateur a concentré les dépenses du budget en Ontario, car il juge que c’est dans cette province que risque de se jouer la victoire ou la défaite des grands partis fédéralistes dans ces élections.
Contre tout soutien ou toute alliance avec le Parti Libéral du Canada…
Les directions syndicales et nombres de mouvements sociaux avaient trop rapidement placé leurs espoirs dans cette coalition. Ils ont cru qu’il n’en coûterait rien de s’allier avec le principal parti historique de la bourgeoisie canadienne. Faisant preuve d’un étonnant manque de mémoire, ils ont oublié que nombre de mesures néolibérales ont été initiées par ce parti. Et ce qui devait advenir est advenu. Le parti a rapidement retrouvé le chemin de ses alliances de classe coutumières et on le voit aujourd’hui soutenir un budget qui ne cherche en aucune façon à protéger les intérêts des classes populaires. Comme l’a si bien dit le chef du Bloc québécois : « Le PLC a retrouvé la politique de ses intérêts ». Eh oui ! Il fallait s’y attendre et on n’a pas à en être surpris.
Organiser la résistance syndicale et populaire aux politiques capitalistes
Les partis de gauche et les mouvements sociaux du Canada et du Québec doivent élaborer collectivement, une alternative aux grands partis qui visent à leur faire payer la crise. Face à l’ampleur de la crise et à la volonté des partis politiques du grand capital de faire payer cette crise aux classes ouvrières et populaires il faut que l’ensemble des mouvements sociaux élabore collectivement une plate-forme revendicative commune (un plan d’urgence) et détermine dans une discussion démocratique et participative un plan de mobilisation populaire afin d’organiser la résistance aux politiques du capitalisme en crise. Cette unité populaire doit se construire tant au niveau du Québec qu’au niveau de l’ensemble de l’État canadien. Cette unité populaire ne sera possible que si les politiques de concertation avec les gouvernements, les banques et les grandes entreprises sont mises de côté. Car dans notre camp aussi, il faut que l’on retrouve la politique de nos intérêts… de classe.