Le 1er mai dernier, le SSP, parti écossais au sein duquel militent des camarades de la IVe Internationale, a obtenu six sièges au Parlement autonome.
Le 1er mai, plusieurs élections se sont tenues en Grande-Bretagne : municipales en Angleterre et en Ecosse, pour le Parlement autonome en Ecosse (1) et l’Assemblée du Pays de Galles. En Angleterre, le Parti travailliste (Labour) a enregistré des pertes au profit des deux partis d’opposition, libéraux-démocrates et conservateurs. Mais la catastrophe a été évitée. Blair continue à profiter de l’absence d’une opposition crédible et de la crise chronique du Parti conservateur. Le BNP, parti d’extrême droite, a marqué des points sans faire la percée qu’il espérait. La gauche radicale (Alliance socialiste et Parti socialiste), présente dans peu d’endroits, a eu quelques modestes succès (deux conseillers élus).
En Ecosse, les grands perdants ont été le Parti travailliste, au pouvoir à Edimbourg comme à Londres, et surtout le principal parti d’opposition, le Parti national écossais (SNP, indépendantiste). L’événement du scrutin a été la percée des forces à gauche du Labour, et notamment du Parti socialiste écossais (SSP), formation de la gauche anticapitaliste radicale.
Avec 7,5 % des suffrages, le SSP a obtenu six sièges (2) au Parlement autonome. Les Verts ont sept sièges. Il y a, en plus, quatre indépendants de gauche. Autre signe du rejet des partis traditionnels, seulement 48 % des électeurs se sont déplacés.
C’est la percée du SSP qui a été la plus remarquée. Un quotidien de Glasgow titrait : "Le SSP devient une force politique nationale". En réalité, sur le terrain social comme dans le mouvement antiguerre, très massif en Ecosse, le SSP était déjà une force nationale. Les élections n’ont fait que le confirmer.
Formé en 1998, le SSP avait obtenu aux élections de 1999 un seul député, Tommy Sheridan, élu à Glasgow. Aujourd’hui, avec 16 % des suffrages à Glasgow, le SSP décroche un deuxième siège et quatre autres têtes de listes sont élues. Dans les circonscriptions de Glasgow, le SSP fait entre 10 et 16 % (28 % dans la circonscription de Tommy Sheridan). Dans celles de la "ceinture ouvrière" du centre du pays, il obtient entre 7 % et 10 % des suffrages. Sur les six députés, il y a quatre femmes et deux hommes. Ce n’est pas un hasard : le parti s’était donné l’objectif de la parité pour ses élus en présentant comme têtes de liste dans les huit régions quatre hommes et quatre femmes.
Il y a 103 ans, les syndicats britanniques ont créé le Parti travailliste pour défendre les salariés. La plupart des syndicats restent affiliés au Labour. Mais aujourd’hui les liens avec ce parti sont de plus en plus remis en cause. De nombreux militants et responsables syndicaux se sont présentés sur les listes du SSP, y compris plusieurs pompiers, actuellement engagés dans un conflit dur avec le gouvernement de Blair. Deux dirigeants syndicaux de gauche sont venus de Londres pour faire des meetings pour le SSP (comme l’a également fait le réalisateur Ken Loach). L’un d’eux, Bob Crow, secrétaire général du Syndicat des cheminots (RMT), a déclaré à propos du Labour : "Pourquoi continuer à soutenir un parti qui agresse les salariés ? En ce qui concerne le RMT, le SSP est maintenant le meilleur parti." Le 1er mai, 128 000 électeurs écossais étaient d’accord avec lui. Fort de ce succès électoral, le SSP entend devenir non seulement "le meilleur parti" , mais un parti anticapitaliste de masse capable de prendre la place du travaillisme failli.
Murray Smith.
1. Créé en 1999, le Parlement écossais dispose d’une large autonomie sur des questions comme l’éducation, la santé, le logement ou l’environnement. Pourtant, Londres détient le contrôle des leviers économiques et fiscaux décisifs.
2. Sur 129 députés, 73 sont élus au scrutin uninominal majoritaire à un seul tour, très défavorable aux petits partis, et 56 à la proportionnelle par listes régionales.
(Tiré du site du SAP/POS, section belge de la Quatrième Internationale)