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Discours d’Olivier Besancenot

"Devenir le pire cauchemar de la droite"

dimanche 8 septembre 2002

"Rouge" publie des extraits du discours prononcé par Olivier Besancenot à l’université d’été de la LCR, qui s’est tenue du 27 juillet au 1er septembre.

L’université d’été est l’occasion de se replonger dans le bain de l’actualité politique et sociale, après des vacances bien méritées. L’année écoulée a été plus qu’une simple année électorale : une année turbulente. Et aujourd’hui, nous voulons devenir le pire cauchemar de la droite !

"La misère est devenue le cancer de la société. La France d’en bas, le monde du travail, les opprimés, les exploités, touchent le fond, noyés par vingt ans de déferlante libérale.

"Au début, le gouvernement Raffarin voulait se faire passer pour un commissariat. Maintenant il s’est transformé en caserne. Il est déjà médaillé par le Medef, prêt à mener une vraie guerre sociale, orchestrée à l’échelle européenne. Une guerre sociale relayée par des gouvernements de droite devenus majoritaires après l’échec d’une gauche qui lui a largement mâché le boulot.

"Ils nous parlent de la France d’en bas du matin jusqu’au soir, alors que tout, chez eux, respire la France d’en haut. Ils nous bassinent avec la sécurité. La guerre aux banlieues et aux quartiers populaires est déclenchée.

"Le gouvernement n’a pas hésité à augmenter de 70 % les salaires de ses ministres. Ça fait un peu mauvais genre quand, au même moment, on refuse de donner un coup de pouce au le Smic.

"On va tout faire pour qu’un mouvement d’ensemble des salariés, secteurs privé et public unis, voie le jour, pour de vraies conquêtes sociales, pour faire face à l’urgence actuelle. Notre responsabilité, c’est de casser la fatalité, de tuer la résignation, de proposer un front unitaire des travailleurs. Un front rassemblé, sans exclusive, dans l’action permanente pour défendre nos retraites, nos emplois, nos salaires ou nos services publics.

"Une course de vitesse est engagée, dans les couches populaires, entre le FN et le mouvement social. L’enjeu est de montrer que le vrai camp de la rupture, du changement, c’est le camp social. Plus que jamais, deux gauches sont possibles : une gauche convertie au libéralisme, et une autre gauche, anticapitaliste, féministe, écologiste et antiguerre. D’où notre proposition de tenir des forums de discussions pour débattre du contenu possible d’une nouvelle force anticapitaliste à gauche, d’un nouveau parti qui défende jusqu’au bout les intérêts du monde du travail, des exploités et des opprimés. Mais attention, nous voulons faire du neuf, et du radical, pas colmater les brèches et les vieilles querelles internes aux Verts, au PC ou au PS.

"Quand nous réclamons une loi qui interdise les licenciements, c’est pareil : Quand nous réclamons une augmentation de salaires, on ne fait pas la manche, la loi seule ne fera rien si les salariés n’ont pas le droit de surveiller son application.

"A nous de construire les luttes et de proposer une politique. Notre objectif, c’est de donner ou de redonner le goût de la révolution.

"On vit dans un monde de plus en plus barbare qui envoie sa population et son environnement contre un mur. Ni moral, ni humain, ni populaire, le capitalisme, c’est la dictature des multinationales sur la planète.

"Etre révolutionnaire en 2002, c’est vouloir changer le monde avant qu’il nous écrase. Au bout du compte, la Révolution, c’est le seul moyen de concrétiser des réformes, de vraies conquêtes sociales. Etre révolutionnaire, ce n’est pas détruire mais construire : autre chose, un autre monde, une autre organisation sociale, définitivement débarrassée de la domination capitaliste, affranchie de toutes les servitudes, de toutes les souffrances, de toutes les oppressions sexuelles, racistes ou sexistes. Une démocratie sans limites.

"Quand l’histoire officielle ne nous traite pas comme des assassins en puissance, elle nous fait passer pour de doux rêveurs. Mais il n’y a que les conservateurs de droite comme de gauche qui pensent que la politique c’est gérer. La révolte, l’ardeur mélancolique, le romantisme ont permis à l’humanité d’écrire les plus belles pages de son histoire. Le rêve et l’utopie, c’est penser demain, imaginer un demain collectif. Alors, oui : le rêve et l’utopie font partie de la politique !

"Ils figurent sur notre drapeau rouge, auquel on pourrait rajouter un peu de noir et un peu de vert..."

Olivier Besancenot.