par Michele Landsberg
Dans les médias américains, les « cowboys » conservateurs lancent leurs sombreros en l’air et dansent pour célébrer la domination omniprésente de George Bush tant aux États-Unis que dans le monde entier. Ils se réjouissent ainsi de ce que les riches sont toujours plus riches et qu’il ne paraît pas qu’on puisse arrêter Bush de mener ces multiples guerres : contre l’Irak, contre le « terrorisme », contre les pauvres et… contre les femmes du monde entier.
En effet, on prétend cacher que la croisade religieuse de Bush a déjà engendré des maladies, des souffrances physiques énormes et la mort d’un grand nombre de femmes qui sont nés récemment, garçons et filles. Dès le premier jouer de son mandat, Bush a célébré la réintroduction de la « règle du baillon » soit le rejet arbitraire de toute aide américaine à un quelconque organisme qui n’aurait que simplement mentionné le mot « avortement », et il a ainsi annulé la contribution de 34 millions de dollars au Fonds pour la population des Nations-Unies.
Puis, à une réunion à Bangkok à la fin octobre, Bush est allé plus loin. Une assemblée a lors été tenue pour préparer la Conférence de l’ONU sur la population en décembre ; les États-Unis ont envoyé un porte parole, très fanatique, un dur qui avait été auparavant représentant au Vatican, qui a annoncé que les États-Unis était disposé à se retirer de l’accord historique de 1994 sur la santé reproductive.
Pour parler clair, Bush a mis en marche la machine pour faire la police sur les utérus des femmes du monde entier. Quelle plaisanterie nauséabonde ! Cet ignare s’est allié au plan moral avec les mêmes États qu’ils dénoncent comme les membres de « l’axe du mal ». A part du Vatican, absolument décidé à imposer sa religion aux corps de toutes les femmes, Bush n’a pas d’alliés plus solides dans sa campagne réactionnaire que les régimes fondamentalistes islamiques.
Voici quelques programmes sabotés ou suspendus depuis le retrait l’été passé par Bush des 34 millions de dollars du programme du Fonds pour la population des Nations Unies :
Programmes de planification familiale pour 8 districts ruraux du Kenya qui informaient sur la prévention du SIDA, la contraception et l’accouchement ;
Une initiative pour diminuer la mortalité des mères au Mozambique et pour empêcher la propagation du SIDA dans la jeunesse
Un programme de formation en obstétrique pour les médecins du Bangladesh, pays où une femme meure chaque fois qu’ils y a des complications durant la grossesse ou au moment de l’accouchement ;
La première étude sur la population du Timor Oriental, qui devait servir de base pour un programme de prévention du SIDA dans la jeunesse, chez les pêcheurs, les réfugiéEs et les travailleuses et travailleurs du sexe.
Un plan biannuel dans l’État indien de Maharashtra (99 millions d’habitants) pour réduire la mortalité des nouveaux-nés. Près de 500 bébés sont morts pour ce motif, cette année et 200 à 300 femmes de plus vont nourrir au moment de l’accouchement.
Un programme de formation de 4000 travailleuses et travailleurs de la santé du Vietnam, ainsi que du matériel médical de première nécessité et des médicaments pour 500 cliniques dans les régions montagneuses et retirées du pays.
Des programmes de distribution des moyens de contraception en Thaïlande au Népal, en Algérie, au Kazakstan et au Laos…
Et maintenant, sous le prétexte que l’objectif de l’ONU en matière de santé reproductive se réduirait à « l’avortement et à rien d’autre que l’avortement » (une déformation délibérée), les États-Unis sont sur le point de se retirer du programme d’action du Caire. En effet, dans une conférence de l’ONU sur la population, qui s’est tenue dans cette ville en 1994, un tournant mondial décisif s’est produit en rapport à l’appui aux droits humains pour les femmes. Au lieu de campagnes forcées de limitation de la fertilité, les États-membres de l’ONU ont offert aux femmes leur appui sur le plan de l’éducation et de la santé pour qu’elles puissent prendre leurs propres décisions sur la prévention des maladies, des grossesses et des naissances. Peu connu en dehors de l’ONU, cet accord a néanmoins été un pas en avant important : les femmes les plus dépourvues de ressources dans le monde pouvaient ainsi avoir accès à la même dignité et à la même liberté que les privilégiées.
Mais avec la menace de Bush de jeter à terre les principes du Caire, tout a changé. Le financement de programmes clé de santé à l’échelle mondiale était menacé. Les droits des femmes du monde entier ont été balayés pour permettre à Bush de récompenser ses appuis provenant de la droite fondamentaliste chrétienne.
Il y eu un temps où on pouvait penser que les progrès réalisés par les femmes, les gains arrachés de peine et de misère, ne pouvaient être l’objet d’un recul. Mais George Bush nous a démontrés jusqu’où il pouvait nous faire reculer en associant religion et politique.
– (Traduction La Gauche)