La classe politique et les médias agitent les vieux épouvantails. Depuis trente ans, le déficit et la dette sont les idoles devant lesquelles on doit sacrifier nos programmes sociaux, notre éducation et nos salaires.
La crise du système financier mondial, annoncée du krach de 2008, a donné un joli prétexte au gouvernement pour presser les travailleurs, les étudiants, les femmes et les plus démunis. On se rappelle les mesures conservatrices et inéquitables du budget Bachand de 2010 : la taxe de santé, les hausses de tarification, la hausse des frais de scolarité et les coupures budgétaires. Les femmes en sont les premières victimes, puisqu’elles sont majoritaires dans le secteur public, des mises à pied et des baisses de salaires. Contrairement aux discours démagogiques du gouvernement, la « classe moyenne » se voit imposer un nouveau fardeau financier : tarification et taxation accrues. Notre système fiscal glisse de plus en plus vers l’injustice, alors que le grand capital et les riches se voient accorder toutes sortes de passe-passe pour éviter l’impôt.
Il faut aller voir la propagande déguisée en « consultation citoyenne » sur le site du ministère des Finances. Les six questions piégées radotent les alarmes sur la mauvaise compétitivité du Québec et le vieillissement de la population. On a le culot de demander ce qu’on préfère : des baisses de salaire, travailler davantage et avoir plus d’enfants ! Le Québec est en train de connaitre un recul conservateur sans précédent. Le travail (exploité et non syndiqué), la famille (nombreuse et paternaliste) et la patrie (sans immigrants) sont à la mode. Cela est certes révoltant, mais pas surprenant. Depuis longtemps, les trois partis traditionnels ne présentent aucune divergence entre eux. Même le Parti québécois, malgré la grogne citoyenne et l’impopularité de Charest, est une opposition invisible. Ses factions se sont lancées dans une course vers la droite, en abandonnant même le projet souverainiste.
La rue : la seule opposition possible
La seule opposition possible reste celle de la rue. Nous appuyons la lutte unitaire des centrales syndicales et des groupes sociaux. Par contre, cette unité se fait sur un très faible dénominateur commun. Les propositions de l’Alliance sociale sont bien timides. « Repousser l’échéance du déficit zéro », c’est seulement enrober la pilule empoisonnée.
Loin de nous l’idée de faire la morale. Soyons clairs : amener les gens dans la rue est la bonne stratégie. Quand les centrales syndicales luttent, elles méritent notre appui, mais ne nous gênons pas pour hausser la mise. Comme disait Amir Khadir en entrevue à Presse-toi à gauche : « Le rôle de Québec solidaire c’est de ne pas attendre, c’est d’être au diapason mais de pousser la note un peu plus haut [...] c’est de voir où est rendu le mouvement social et d’aller plus loin sur ce que nous offrons comme possibilité »
Les solutions qui paraissent radicales sont souvent les moins impossibles. Refuser le déficit zéro, ce n’est pas « irresponsable ». Une réflexion critique sur les origines du déficit et de la dette est nécessaire, refusons d’engraisser les financiers en pigeant dans la poche des moins nantis. Il y a plusieurs solutions pour que les riches et les entreprises prennent la responsabilité fiscale qui leur incombe : lutte à l’évasion fiscale, limite aux REER, taxation progressive et arrêt du surpaiement des médicaments dans la Santé. Pour nous, anticapitalistes, c’est une façon d’atteindre un contrôle social sur le capital pour fonder une économie égalitaire et écologique.