* Paru dans Hebdo TEAN n° 30 (12/11/09).
Un an après son élection qui avait soulevé l’espoir à travers le monde entier, les résultats de la politique d’Obama sont décevants, malgré le récent vote à la Chambre des représentants de la réforme de la santé.
Il y a un an, une majorité d’électeurs votaient Obama.
L’urgence la plus vivement ressentie était de mettre un terme à huit ans de pouvoir quasi absolu des républicains et de Georges Bush. La peur d’une troisième guerre (contre l’Iran), d’une aggravation de la remise en cause des libertés publiques et de la centralisation d’un pouvoir de plus en plus absolu entre les mains d’une petite clique échappant à tout contrôle ont joué un rôle essentiel dans la victoire d’Obama. La crise financière a été la cerise sur le gâteau.
L’enthousiasme suscité par le fait qu’un candidat noir soit porté à la présidence a été vécu comme une promesse de changement dans tous les domaines. Un an plus tard, les changements attendus ne sont pas au rendez-vous. Ce n’est pas tant à une montée du mécontentement que l’on assiste qu’à une déception qui se traduit par une démobilisation de grandes parties de l’électorat populaire ; ces jeunes, ces pauvres qui avaient souvent voté pour la première fois. Du coup, dans les deux élections qui viennent d’avoir lieu pour des postes de gouverneur, les républicains l’ont emporté.
Il ne s’agit pas ici de dire « on l’avait bien dit ». Dans les limites étroites du système américain, Obama aurait pu mener une autre politique. Or, depuis son élection, son orientation a consisté à rechercher sur tous les sujets les compromis les plus larges possible avec les républicains. Sa carte d’identité politique n’a plus été le changement « Yes, we can » mais une politique dite bipartisane. Cette orientation politique a provoqué une paralysie qui stupéfie même ses plus fervents soutiens.
Il n’a pas su s’opposer au complexe militaro-industriel. Les chefs militaires qui veulent engager 40 000 soldats de plus en Afghanistan ont mené une véritable campagne publique sur ce thème afin d’obliger Obama à rallier leur point de vue. La réforme du système de santé avance très lentement. 50 millions de personnes sont sans couverture maladie. Obama s’est entêté à trouver un accord impossible avec des républicains. La perspective de pouvoir, en option, avoir accès à un système public d’assurance maladie reste incertaine. Il n’est même pas sûr que la réforme qui se prépare interdise aux assureurs de choisir les bons adhérents (en bonne santé et sans facteur de risque). Le pire est sans doute les arguments que l’on a entendus de la part des républicains mais aussi de démocrates : les sans-papiers risqueraient de bénéficier du système !
Sur le plan des libertés politiques, on est loin du compte : les anciens tortionnaires et ceux qui les ont couverts n’iront pas devant la justice. Guantanamo ne sera certainement pas fermé à la fin de l’année, sans parler des camps du même genre qui existent ouvertement (en Afghanistan) ou secrètement.
Le chômage atteint 10 % et continue d’augmenter. Les grandes institutions financières continuent de piocher massivement dans les fonds publics mais les chômeurs restent mal indemnisés avec 600 euros en moyenne pendant cinq mois.
Cette politique bipartisane est folle car les républicains sont un parti de plus en plus à droite. Dans chaque élection locale, les candidats républicains « modérés » sont éliminés au profit des extrémistes. Il n’y a pas de Front national aux États-Unis : l’extrême droite prospère au sein du Parti républicain et en détermine les grands choix. Un éditorialiste du New York Times constatait que les possédants ne peuvent plus faire confiance à ce parti et qu’ils sont bien mieux représentés par le Parti démocrate. Qui en doutait ?
Philippe Pignarre
PIGNARRE Philippe
* Paru dans Hebdo TEAN n° 30 (12/11/09).