C’est le pilote d’un projet de documentaire de Valérie Mitteaux et Myriam Guillemaud-Silenko sur AMMAR, le syndicat des travailleuses du sexe d’Argentine. C’est en 1994 que les travailleuses du sexe ont commencé à s’organiser dans le but de lutter contre la répression policière. La crise économique a été l’un des éléments qui les a amenées à se regrouper. La violence envers elles augmentait tandis que leurs revenus diminuaient beaucoup.
À partir de 1995, elles se sont intégrées à la CTA, la Centrale du travail argentin. Avec leur appui et celui d’autres organismes de défense des droits, elles ont formé la coalition "Vivons ensemble" qui est devenue très visible. La coalition s’est penchée sur des dossiers tels que la violence policière et le VIH. Comme on ne peut pas faire respecter son droit à la santé quand on ne peut pas faire respecter ses droits fondamentaux, elles se sont engagées dans la lutte contre la criminalisation du travail du sexe. Cette lutte ardue faite pratiquement sans argent leur a permis d’obtenir l’élimination des articles de lois qui criminalisaient le travail du sexe !
Des membres de la CTA participent à leurs manifestations. Elles dénoncent aussi la répression et la prostitution juvénile. Elles conscientisent leurs collègues de la CTA et les travailleuses du sexe qui doivent comprendre qu’avec des droits viennent aussi des obligations. C’est un travail difficile de sortir de l’image de victime, mais elles y arrivent.
Elles forment désormais un véritable syndicat. Dans les 20 provinces du pays, il y a 11 regroupements AMMAR. Les représentantes des travailleuses du sexe se réunissent tous les trois mois. Une rencontre nationale annuelle est ouverte à toutes les déléguées qui s’impliquent dans la lutte pour les droits des travailleuses du sexe. Au début, plusieurs des représentantes des travailleuses du sexe étaient analphabètes. Aujourd’hui, elles sont présentes dans les écoles primaires. Reste à s’établir dans neuf provinces.