Rappelons que la loi polonaise sur l’avortement est déjà très restrictive : ce n’est que dans les cas "prouvés" de danger pour la vie de la mère ou de déformation génétique grâve de l’embryon (rendant sa survie très improbable) que le médecin peut pratiquer l’avortement. Et même dans ces cas la majorité des médecins publics réfusent de le faire (par contre pour l’équivalent de deux mois de salaire moyen l’avortement cladestin est accessible...).
Le site web "lewica.pl" [ce qui signifie "la gauche.pl"] a publié un article de Katarzyna Szmulewicz à ce sujet :
« La semaine prochaine la Diète doit s’occuper à la demande de la LPR de la question des modifications de la Constitution, devant conduire à une interdiction absolue de la pratique de l’avortement en Pologne. La Ligue a déposée un amendement de députés à l’article 38 de la Constitution, qui, selon la droite, devrait être formulé ainsi :
« "La République de Pologne garantie à chaque être humain la protection juridique de la vie depuis le moment de sa conception".
« Outre les députés de la LPR l’amendement est également signé par les députés de l’Autodéfense [Samoobrona - groupe populiste issu d’un syndicat paysan radical] et une partie du PiS [Loi et Justice, parti du président et du premier ministre actuels], entre autres le président de la Diète Marek Jurek et le chef du groupe parlementaire du PiS Marek Kuchcinski.
« Le parti de Roman Giertych [Ministre de l’éducation, LPR] veut cette formulation pour empêcher toute libéralisation éventuelle de la loi contre l’avortement dans l’avenir. Car alors il faudrait d’abord modifier à nouveau le Constitution.
« La LPR avait tenté de faire passer son invention déjà en septembre, mais cela a été répoussé pour des raisopns de procédure (projet de modification n’avait pas été présenté suffisament à l’avance). Alors au sein du PiS il y avait eu des voix critiques d’un durcissement de la loi contre l’avortement. »
Par ailleurs, un regroupement de plusieurs organisations féministes, syndicales et politiques de gauche prépare une manifestation pour la légalisation de l’avortement qui aura lieu à Varsovie le 4 novembre prochain. Ce regroupement demande la solidarité internationale avec son initiative, en particulier que le jour de la manifestation varsovienne des actions soient organisées devant les ambassades et les consulats de Pologne dans le monde...
Voici cet appel :
Appel
Le temps est venu pour réclamer une nouvelle fois le sort des femmes vivant en Pologne. Les politiciens veulent nous priver des restes de nos droits, déjà fort limités. La Ligue des Familles Polonaises (LPR) a déposé une proposition de modifications de la Constitution de la République de Pologne, qui vont dans le sens de la « protection de la vie humaine dès sa conception ». Cela signifie que l’avortement deviendra illégal dans presque tous les cas, y compris les plus dramatiques.
La loi actuelle sur la planification de la famille, la protection de l’embryon humain et les conditions d’acceptabilité de l’interruption de grossesse, de 1993 modifiée en 1997, autorise l’interruption de la grosses que dans trois cas : lorsque le vie ou la santé de la femme est menacée, lorsqu’on a affaire avec un défaut génétique ou avec une maladie lourde et inguérissable du fœtus ou lorsque la grossesse est le résultat d’un délit (par ex. viol ou inceste). Mais l’attitude général qui découle de l’interdiction de l’avortement conduit à ce que même les intervention légales ne sont pas pratiquées. de nombreuses femmes ont perdu la santé de ce fait et certaines ont payé de leur vie l’hypocrisie des médecins et des politiciens.
Le projet du LPR peut conduire aussi à la situation qui fera qu’on traitera la loi actuelle comme un compromis. Cela n’est pas acceptable. L’interdiction de l’avortement est une violation du droit de la femme à une maternité consciente, elle est contraire aux droits humains et aux standards européens. Et de fait elle est inefficace. Les données officielles indiques autour de 150 avortements par an (sic !), alors que les centres indépendants estiment le nombre d’avortements illégaux en Pologne entre 80 000 et 200 000 par an. L’interdiction touche le plus la majorité désargentée, qui n’a pas les moyens de payer un avortement clandestin.
Du fait du refus de la réalisation d’un avortement légal et du refus de réaliser les examens génétiques sur l’embryon les femmes en Pologne voient leur santé et leur vie mise en danger. Plusieurs procès contre la Pologne sont en cours devant le Tribunal européen des droits humains. Les premiers cas de mortalité des femmes, qui se sont vu refuser les soins et la protection du fait de leur grossesse jettent une ombre sur l’histoire des droits des femmes en Pologne.
En même temps la majorité des citoyennes et des citoyens polonais accepte l’interruption de la grossesse non pour les seules raisons de la mise en danger de la santé de la femme ou du fœtus ou dans le cas d’une grossesse provoquée par un délit, mais aussi pour des raisons sociales. Mais cela n’a aucune importance car les politiciens en Pologne avec le concours de certains médecins ont pris en main le contrôle de la vie et de la santé des femmes en leur refusant le droit de décider de leur sort.
Dans cette situation les avortements clandestins sont très nombreux en Pologne. L’avortement est accessible pour 2000-3000 zlotys (500-750 euros) dans les cabinets privés, souvent réalisé par le médecin qui a refusé de l’exercer à l’hôpital. C’est aussi seulement au marché noir qu’est accessible le RU-486. La santé, la dignité et la liberté coûtent en Pologne 3000 zlotys. Peu de femmes peuvent se le payer.
Les cas d’abandon des nourrissons de plus en plus fréquents sont un effet évident de la loi qui oblige à accoucher les femmes qui, pour des raisons personnelles ou économiques ne peuvent prendre la décision d’avoir un enfant.
Le Comité des droits humains de l’ONU a soulevé le problème de la mauvaise situation des Polonaises qui ne peuvent avoir accès à l’avortement, dans ses observations et ses recommandations pour la Pologne en octobre 2004. Cela a aussi été soulevé dans le rapport de l’Union européenne sur les droits humains au sein de l’UE préparé par Network Experts en 2004 et 2005.
Dans la situation actuelle - déjà assez draconienne - nous avons affaire avec une nouvelle proposition de durcissement de la loi concernant l’avortement, avec la proposition d’une privation définitive, constitutionnelle, des femmes de leur liberté, au nom des enjeux politiques préélectoraux.
En tant que femmes, en tant qu’être humains, en tant que citoyennes et citoyens nous ne pouvons l’accepter.
Nous lançons un appel, à l’aide et au soutien à nos actions pour empêcher la modification de la Constitution dans le sens de « la protection de la vie conçue », à toutes celles et à tous ceux qui accordent de l’importance aux libertés des femmes.
Nous appelons à soutenir les initiatives visant à libéraliser la loi sur l’interruption de la grossesse.
Notre devoir est de réclamer la protection de la santé et de la vie des femmes.
Pour protester nous avons pris la décision d’organiser une série d’actions y compris une grande marche sur le thème :
ASSEZ DE L’ENFER POUR LES FEMMES !
NOUS EXIGEONS L’AVORTEMENT LÉGAL !
* Le 3 novembre 2006 aura lieu le Tribunal Pour le Droit de Choisir lors duquel seront lues les histoires des femmes victimes de la loi restreignant l’avortement en Pologne. Nous y présenterons également les propositions législatives permettant d’assurer aux femmes le droit à une maternité consciente.
* Le 4 novembre 2006 aura lieu la manifestation nationale contre les modifications de la Constitution. Elle démarrera à 12h00 à la place des Défilés à Varsovie.
Nous espérons votre aide et votre soutien. Nous demandons des piquets et des marches en solidarité avec notre action. Informez en les médias polonais, écrivez des lettres de protestation au Président et au Premier ministre de la République polonaise. Vos communiqués de solidarités seront lus lors de notre manifestation. Nous avons besoin de votre aide !
Organisateurs de la protestation : Comité de soutien et de défense des travailleurs réprimés (Komitet Pomocy i Ochrony Represjonowanych Pracowników, KPiORP), Fédération pour les Femmes et la Planification de la famille (Federacja na Rzecz Kobiet i Planowania Rodziny, FRKiPR), L’Entente des Femmes du 8 Mars (Porozumienie Kobiet 8 Marca, PK8M), Association Pro-Femina (Stowarzyszenie Pro-Femina), Entente des Lesbiennes (Porozumienie Lesbijek), Syndicat libre « Août ’80 » (WZZ « Sierpie ? ’80 »), Parti Polonais du Travail (Polska Partia Pracy, PPP)
Contact :
"pro-choice4@wp.pl"
"magostr@o2.pl"
tel : +48 22 696053595 (Katarzyna Bratkowska)
tel : +48 22 660838005 (Ewa D ?browska-Szulc)
Adresses utiles :
1. Autorités polonaises :
Président de la République : "listy@prezydent.pl"
Kancelaria Prezydenta RP, ul. Wiejska 10, 00-902 Warszawa, Pologne
Premier ministre : "cirinfo@kprm.gov.pl"
2. Mass médias :
quotidien Gazeta Wyborcza : "swiat@agora.pl" ; "sekretariat.naczelnych@agora.pl" ; "obcasy-p@agora.pl"
quotidien Rzeczpospolita : "J.Haszczynski@rzeczpospolita.pl" ; "M.Solecka@rzeczpospolita.pl"
quotidien Dziennik : "dziennik@dziennik.pl"
hebdomadaire Polityka : "polityka@polityka.pl"
agence de presse Polska Agencja Prasowa : "A.Kurkus@pap.pl" ; "A.Malecka@pap.pl"
Protestons contre le nouveau attentat contre la santé, la vie et les droits des femmes vivant en Pologne !
Assez d’Hypocrisie !
Nous exigeons des droits !
N’hésitez pas à envoyer des lettres de protestation et des mails aux autorités polonaise ainsi qu’à la presse polonaise...
Mouvements fministes, MALEWSKI Jan
* Jan Malewski est rédacteur de la revue "Inprecor".
Mis en ligne le 24 octobre 2006