Tiré de la revue Inprecor N° 558-559,
février-mars 2010,
NOTES DE LECTURE au sujet du livre de Cédric Durand, le capitalisme est-il indépassable ?
Cédric Durand était au Québec en juin dernier. Il a donné plusieurs conférences. Cette note de lecture de Didier Epsztajn a pour titre ’’Contre la réduction du monde à la misérable mesure marchande’’.
Cédric Durand, Le capitalisme est-il indépassable ?, Textuel, Paris 2010, 142 pages, 9,90 euros
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Cédric Durand résume les évolutions du capitalisme « système socio-économique historique » en une quarantaine de pages. C’est une introduction érudite et très lisible, qui commence avec l’affranchissement du carcan féodal. Cette lecture au fil de l’histoire ne permet cependant pas d’analyser les mécanismes objectifs du fonctionnement du système (fétichisme de la marchandise, valeur d’usage et valeur, travail abstrait, despotisme d’entreprise, etc.). La logique du capital ne pouvant être exposée, à mes yeux, par ses évolutions dans le temps.
Malgré les précautions de l’auteur sur le « phénomène contingent, spécifique et localisé », le récit engendre une naturalisation de certaines caractéristiques du capitalisme.
Dans la seconde partie « Crise et domination au cœur de la dynamique du capital », Cédric Durand analyse, entre autres, l’instabilité des processus d’accumulation et la respiration longue du capitalisme, avant d’aborder la grande crise contemporaine. Il présente succinctement, mais sans schématisme, les réflexions et approfondissements de nombreux auteurs.
Au-delà des explications, je reste dubitatif sur la pertinence de la notion de production immatérielle ou d’économie de la connaissance.
Quoiqu’il en soit, en intégrant de multiples dimensions, dont la crise écologique, l’auteur souligne la probabilité d’un scénario futur autour d’une longue stagnation. À cette fin de partie temporaire, Cédric Durand oppose « créer et gagner une issue émancipatrice », en déclinant quelques options bien argumentées tant sur la nécessaire analyse des échecs passés que sur la réduction du temps de travail, l’autogestion, la planification écologique décentralisée ou sur l’extension des biens communs.
Avec juste raison, l’auteur conclut « La bataille des idées et l’élargissement des expérimentations pour crédibiliser ces options sont donc des enjeux cruciaux. Il n’empêche, une douloureuse confrontation avec les intérêts dominants est inévitable ». ■